Lettre à un aveugle

Je t’écris cette lettre,
Alors que tu ne pourras probablement jamais la lire.
J’ai des choses à te dire, elles sont dures, dures à croire et à accepter.
Tout d’abord, saches que je t’aime et que si je fais ça, c’est uniquement pour ton bien…
Tu as besoin de savoir.
L’espoir est la meilleure chose qui puisse appartenir à un être humain.
Mais, l’espoir, ce n’est qu’un rêve…
Aussi beau soit-il, il n’est pas réel.
J’ai longtemps était plongée dans un monde parfait, ton monde…
Du moins, celui auquel tu penses.
Tes idées m’ont de nombreuse fois bercées
J’ai aimé te croire.
Pourquoi n’as-tu pas raison ?
Pourquoi tout n’est pas aussi beau ?
J’ai cherché les réponses et je les ai trouvées…
La vie ne serait pas ce qu’elle est si tout était si beau.
La vie n’aurait aucun sens si le malheur était banni.
Nous n’existerions pas, si le bonheur, lui, existait…
Nous ne sommes pas complémentaires lui et nous.
Malgré nos nombreux essais.
Je suis désolée.
Tels que nous sommes, pauvres humains déchus, égoïstes et sans cœur,
Ne pouvons réussir.
Nous sommes condamnés dans cet abîme que l’on appelle Terre.
Tiens, parlons de la Terre.
Toi ! Qui l’imagine si belle, écoute Moi !
Elle n’a rien de charmant, du moins elle n’a plus rien de charmant…
Et tu sais pourquoi ?
Parce que nous l’avons détruite !
Purement et simplement avec le plus grand plaisir qui soit.
Nous avons détruit le confort de plusieurs milliers d’espèce pour le nôtre.
Sans aucun scrupule !
Alors que nous n’avions pas le droit…
Eux, étaient là bien avant nous…
Pourtant, nous les avons écrasés, détruits avec nos sabots de métal.
Incendiés avec notre feu,
Pollués avec notre pétrole.
Ce qui est le plus ironique
C’est que ce pétrole, justement
Cet Or Noir tant convoité !
N’est-il pas l’héritage du passé,
Des espèces disparues,
De la nature,
Des êtres, que maintenant, les yeux fermés
Un doigt sur le bouton,
Nous exterminons ?
Je n’ose même pas écrire la réponse
Que tu dois, bien sûr, comprendre…
Eh Oui, moussaillon !
Tout n’est que désastre.
Je suis désolée de te l’apprendre
Vraiment.
J’espère que tu ne m’en voudras pas,
Mais j’avais besoin de te le dire.
Pardon, mille fois, pardon…

Cependant, je ne t’ai pas encore tout dit.
J’ai encore des choses à t'apprendre.
Pas plus joyeuse.
Mais, avant, j’ai une question :
Penses-tu que l’argent rend les gens « heureux » ?
Je connais ta réponse, évidemment,
Tu répondras : Non !
Eh Bien : Si !
Que crois-tu ?
Que le pauvre homme, qui tous les matins doit se rendre à pied (nu) sur un terrain des plus arides,
Le soleil lui brulant la pointe des cheveux,
Pour réussir à prendre l’eau,
Qui abreuvera toute sa famille, peut être une journée,
Est Heureux ?
Crois-tu que la petite fille,
Tapie sous un hamac de bois pour se couvrir des balles qui transpercent,
La Chair aussi facilement que l’air,
Est Heureuse ?
Plus simple encore !
Crois-tu que l’Homme, devant les distributeurs automatiques,
La barbe hirsute,
Les ongles, noirs de crasse,
La bouteille de vin, vide à ses pieds
Qui chaque jour doit subir les regards haineux des gens,
Est HEUREUX ?
Non, Non, Non…
En parlant de regards haineux…
Pour qui se prennent ces Gens ?
Pour oser dévisager un de leurs semblables ?
Ah Oui ! Qu’ils se sentent fort, devant cet homme !
Ce moins que rien !
Réduit au même niveau qu’un animal
Pour ces Gens !
Qui chaque soir, ferment les yeux
Emmitouflés
Dans une couette chaude
Alors que Lui, se sert dans ses cartons !
N’est-ce pas pitoyable que les Gens le côtoient
Avec autant de dédains ?
Alors que cet Homme.
Oui ! Cet Homme !
Est Mille fois plus courageux qu’eux ?
Car,
Quoi de plus difficile que d’affronter la rue et ses nombreux dangers ?
Quoi de plus dur que de passer une nuit dans le froid strident ?
Quoi de plus insupportable que de devoir s’abaisser à mendier ?
L’Homme…
La Plus fière de toutes les espèces !
S’en voit réduite à la Pitié !

Je pourrais, t’expliquer toutes ces choses, dans les moindres détails.
Mais, je tiens à te revoir sourire un jour.
Ton sourire,
Le plus beau de tous.
Le plus innocent…
Je t’aime pour ce que tu es
Et ce que tu m’inspires.
Tu es la beauté même.
Celle qui a été dénuée de ce monde
Est peinte sur ton visage.
Je l’observe et mon cœur s’emplit,
D’une bouffée de Chaleur.
Je crois entrevoir le Bonheur.
Mais, comme tu le sais.
Dès qu’on croit pouvoir l’effleurer du doigt
Il nous est retiré, violemment
Nous laissant,
Seuls.
La Solitude… Est la meilleure Amie de L’Homme !

Ah, Ah, Ah !!! Que le Monde est Comique…
Tellement Comique…
Tiens, comme ces Hommes Politiques
Qui n’ont pour seule Ambition,
Que d’abolir la République
Pour un Régime, disons
Plus Dé-Mo…Narchique !
Ou encore la Bombe Atomique
Qui se veut toujours plus
Puissante
Pour pouvoir tuer toujours plus
D’innocents !

Est-ce ça la vie ?
Ce n’est pas un cauchemar ?
Non, c’est juste la dure réalité.
Celle que je m’efforce de t’inculquer
Toi qui, le cœur trop bon,
Ne peut la voir…
Oh, Oui !
Comme tu dois me trouver sombre…
A voir le Mal partout.
Certains, diront que je suis pessimiste.
Je dirais plutôt, que je suis réaliste.
Simple question de point de vue.

Mais je crois que je te dois encore des excuses.
Je me demande si c’est mal ce que je suis en train de te faire
De t’apprendre.
C’est tellement mieux de se bercer d’illusions.
« La tête dans les étoiles, les pieds sur terre »
Disent certains.
Mais les personnes qui refusent de voir la réalité
Sont appelés « Fous ».
Est si nous volions ? Dans le ciel, entre les étoiles ?
Dit l’un.
Un assassin ! A l'échafaud !
Répond l’autre alarmé.
Je ne veux pas qu’une telle chose t’arrive.
Parce que je tiens à toi.
Ne l’oublie pas je t’en pris !

Maintenant je crois que j’ai fini.
Plus ou moins, mais je ne veux pas tant te faire souffrir

J’espère que tu ne vivras plus autant dans l’ombre de la vérité.
Moi qui n’ai pu voir ton monde,
Tu as su me le montrer
Et, Oh ! Qu’il est beau !
Toi qui ne peux voir le mien
Je tiens tout autant à te le montrer
Et, Oh ! Qu’il est triste !
Si tu me trouves atroce.
Saches que je ne t’ai pas tout dit.
Pas même le quart.
…
Je ne sais plus vraiment quoi dire.
Je crois que les mots me manquent.
Alors, je vais « boucler la boucle »
Terminer cette lettre,
La poser sur le coin de la table,
Et partir.
Tu la trouveras, ne comprendras pas.
Chercheras par tous les moyens à la lire.
J’espère que tu ne trouveras pas…
Mais, au moins je ne pourrais pas dire :
Ne pas avoir accompli mon devoir…

Je t’aime.