Voici un texte sans début ni suite que j'ai écris à mes heures perdues.
Une clameur sauvage s’éleva de la jungle, retentissante des cris de centaines d’animaux, si terrifiante que les bucherons firent un pas en arrière. Des sonorités incompatibles, rugissements et criaillements, notes suraigües et barrissement sourds, feulements rauques et grognements secs, se disputaient le monopole des tympans.
Il sembla aux bucherons qu’aucun bruit au monde ne pouvait rivaliser avec cette cacophonie infernale.
Ils se trompaient.
Un rugissement ébranla le monde, fit trembler la terre. Les bucherons furent secoués de frayeur et la forêt fut gorgée de vigueur.
C’était impossible, aucun animal ne pouvait pousser pareil cri. Ce n’était ni un barrissement, ni un quelconque autre son connu. Une note, sourde comme le fracas d’un éboulement, puissante comme le décollage d’une fusée, si longue et unie que la jungle toute entière fit silence et retint sa respiration.
Lorsque la monstruosité eu achevé son décrescendo résonnant, plus rien ne bougea. Du chant des oiseaux au bruissement du vent, tout avait cessé.
Un pas. Sourd, pesant, d’une puissance impensable. La terre résonna de ce simple geste.
Un autre, puis encore un.
Les bucherons restèrent pétrifiés d’effroi, tremblant au rythme de la terre. Au rythme de ce qui approchait.
Au Rythme de la vie.
Les arbres se couchèrent à l’horizon, la démarche millénaire se fit plus proche, la terre plus grondante.
Devant les yeux ébahis des simples hommes, la forêt toute entière plia devant son seigneur.
L’animal arrivait. Non, pas un animal.
Une force de la nature.