L'Aveugle Pilier du forum
Nombre de messages : 27 Age : 25 Date d'inscription : 09/05/2013
| Sujet: Louis Aragon 5/11/2013, 09:51 | |
| Bonjour, bonsoir ♫ C'est avec effarement, et certainement une profonde mélancolie, que je n'ai trouvé, en cherchant tant et si bien, un topic consacré au grand poète et humaniste, notre cher Louis Aragon. J'ouvre donc ce sujet avec l'espoir que certains d'entre vous serait animé d'une passion folle pour cet excellent écrivain (ou pas, peu importe, tant que vous le connaissez ou avez envie d'en discuter). Bref, en espérant que ce poète parviendra à vous séduire de par son incontestable talent. J'inaugure donc avec deux de ses textes, « Excuse pour en finir » et « Air du temps ». Enjoy o/
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Excuse pour en finir
Je sais que je vous irrite À chanter si tristement Et mes paroles écrites Vous semblent un testament Qui l'avenir déshérite Il n'y a pas tant raison Par le temps qui court de rire Et qui demeure en prison Demandez-lui de tenir L'œil toujours sur l'horizon Suffit-il point que je place Bonheur si haut que je fais Ou vous faut-il une glace Qui mente comme un portrait Insensible au vent qui passe Je ne saurais pas comment Amis me forcer la gorge Et jouer à l'enjouement Avec moi rompez pain d'orge Sans l'appeler du froment Celui qui le vin d'amour Dans son verre a réchauffé A droit d'avoir le cœur lourd Sans dire contes de fées Quand vient la fin de son jour Allez ailleurs si les gens Mieux qu'avec moi s'y amusent Ou sont plus intelligents Que voulez-vous l'âge m'use Comme une pièce d'argent On n'y voit plus ni la France La République ou le Roi Ce n'est pas indifférence Mais chacun porte sa croix Sa couronne de souffrances Pourtant au cœur de mes yeux Comme un oiseau dans sa cage Brille un rêve merveilleux Qui contredit mon langage Avec la couleur des cieux Un mot gage mon domaine Parler c'est lancer les dés Et le point que je ramène Gagne ou perd vous l'entendez Je suis créature humaine L'amour à qui s'en grisa Lui faut-il en avoir honte J'aurai vécu sans visa Et ma vie au bout du compte Se résume au nom d'Elsa
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Air du temps
Nuage Un cheval blanc s'élève et c'est l'auberge à l'aube où s'éveillera le premier venu Vas-tu traîner toute la vie au milieu du monde À demi-mort À demi-endormi Est-ce que tu n'as pas assez des lieux communs Les gens te regardent sans rire Ils ont des yeux de verre Tu passes Tu perds ton temps Tu passes Tu comptes jusqu'à cent et tu triches pour tuer dix secondes encore Tu étends le bras brusquement pour mourir N'aie pas peur Un jour ou l'autre Il n'y aura plus qu'un jour et puis un jour Et puis ça y est Plus besoin de voir les hommes ni ces bêtes à bon Dieu qu'ils caressent de temps en temps Plus besoin de parler tout seul la nuit pour ne pas entendre la plainte de la cheminée Plus besoin de soulever mes paupières Ni de lancer mon sang comme un disque ni de respirer malgré moi Pourtant je ne désire pas mourir La cloche de mon coeur chante à voix basse un espoir très ancien Cette musique Je sais bien Mais les paroles Que disaient au juste les paroles Imbécile | |
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