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 Journal de Rorschach

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MessageSujet: Journal de Rorschach   Journal de Rorschach I_icon_minitime8/25/2012, 21:28

https://skydreams.forumactif.org/t3482-journal-de-rorschach#45150

Une fan-fic sur l'univers des Watchmen [elle ne sera pas très longue, six jours normalement mais ils sont de plus en plus long vous inquiétez pas, c'est vrai que au début c'est minuscule^^'] : Le chapitre 1 sert aussi d'intro, la véritable enquête commence après.

Journal de Rorschach : Introduction.

Journal de Rorschach : 14 mai 1973.
Trois jours que le Hibou a raccroché. Reste le seul Gardien encore actif. A surveiller ce
monde agonisant le ventre ouvert. Tandis que le mec le plus futé de la planète dresse son empire commercial. Que le Comédien fume son cigare pouffant devant les morbides nouvelles de vingt heures. Que l'homme indestructible essaye de sauver un monde qu'il ne comprend pas et que Miss Jupiter essaye de sauver son couple avec un homme qu'elle ne comprend pas. Tandis que le Hibou essaye de se sentir « normal » dans une société dégénérée... Reste le seul à les protéger. Le sans abris en face de chez vous, qui n'a comme richesse que son clébard à moitié crevé. La petite fille qui passe devant chez vous, rentrant chez elle seule car ses parents sont trop occupés à travailler pour se payer le prochain gadget à la mode. Et vous, derrière votre ordinateur, sirotant votre jus fraise banane d'un emballage marqué « bio » pour avoir bonne conscience. Alors tout le monde s'étonne. Se questionne. De quoi veut-il nous protéger ? Menace extra-terrestre ? Catastrophe naturelle ? Vous protège de vous- même. De la nature bestiale qui sommeille en vous. De votre instinct brutal.
Pourrai pas sauver ce monde tout seul. Je le vengerai.

Chapitre I :
Jour Un

Journal de Rorschach : 16 mai 1973.
Trouvé une description de l'enfer ce matin. New York. Levé du soleil. Tas de ferrailles
baignant dans un halo rougeâtre. Un type sort de chez lui. Tout sourire. A l'air content. Marche droit. Fier. Traversant d'un pas guilleret la route bétonnée et froide. Se sifflotant à lui -même comme pour bercer sa conscience. Tenue impeccable. Chemise blanche. Cravate noire. Pas même une cerne sur son visage crispé de bonheur. Normal. Paraît qu'il s'est réconcilié avec sa femme. L'a envoyé se reposer dans les tropiques pour fêter ça. Ce qu'ont dit ses amis. Elle a du rater l'avion. L'ai retrouvé à quatre pas de chez elle. En compagnie des vers et des larves. Six pieds sous terre. L'homme passe à coté de moi. Me dévisage. Mon masque a l'air de le faire rire. Vais lui montrer de plus près. Deux jours que je le suis. Connais son itinéraire. Plutôt futé, empreinte à chaque fois un même raccourci. Trop futé. Il n'y a que lui qui l'empreinte. A l'impression d'être seul. Montre son vrai visage. Éclate d'un rire goguenard. Peux pas me retenir plus longtemps. Saute de mon perchoir. Roulade à l’atterrissage pour mon public absent. Pas un bruit. L'agrippe par derrière. Le plaque violemment contre le mur. A perdu son sourire. Riposte de son crochet gauche. Rapide. Pas assez. Une parade. Deux. J'enlace son cou de mes gants en cuir. Son visage se colore lentement d'un rouge pâle. Ses sens faiblissent. S’affolent. Cherchent une issue inexistante. Puis avec le peu d'air qui lui reste me demande qui je suis en bégayant.
- « Ton fléau. »
Ressers ma prise. Bruit sourd se fait entendre. Os qui craquent. Ses bras tombent d'un coup. Pendent dociles le long de son corps inanimé reposant sur la terre meuble. Sors ma bombe de peinture noire. Laisse ma marque sur le mur gris terne. Suivant.

Jour Deux

Journal de Rorschach : 18 mai 1973.
Ai passé soirée mouvementée la veille. Petit meurtre laissé de coté prend de l'ampleur. Il
y a deux semaines, randonneurs retrouvent corps de chasseur mutilé en pleine forêt. Bill Kane. Gorge déchiquetée. Entrailles ouvertes. Membres manquants et griffures multiples. Du sang partout. Ai vu les clichés du rapport. Picasso n'aurait pas fait mieux. La police est catégorique. S'est fait tué par une bête sauvage. Un loup d'après eux. Suis pas d'accord. Les bêtes tuent pour se nourrir. Pas pour le plaisir. Cette scène morbide dégoulinait de bonheur. Un bonheur sauvage. Et hystérique. Avais trouvé aucun indice. Pas pu continué l'enquête. Hier soir, écoutais la station de la police. Ont retrouvé cadavre dans appartement. A quelques centaines de kilomètres du premier meurtre. Même tableau que pour le chasseur. Ont pas fait le rapprochement. Forcément. La distance qui sépare les victimes à valeur de coïncidence. Pour ça que je suis là. Pour ça que je m'occupe de ces affaires. Car personne d'autre ne s'en occupe. Et car à tout crime il faut un châtiment. Alors à tous ceux qui échappent au regard fatigué et abusé de Madame Justice, j'applique ma sentence. Irrévocable. Et définitive. Car pour combattre la violence, j'ai décidé d'employer la violence. Pour établir un juste retour des choses. La deuxième victime, Andrew Madson, fervent et assidu protecteur des éleveurs de bétail. Directeur de la brigade anti-loups. Comprends que certains canidés puissent lui en vouloir. Va faire trois heures que j'attends devant le bâtiment.
Quatre heures du matin. La police s'en va. Enfin. Ont emporté le corps. Irai le
récupérer plus tard. Ai entendu policier dire qu'ils reviendraient demain. Ont du laisser la pièce en l'état. La dernière fourgonnette quitte les lieux. A mon tour. Porte du domicile est fermée. Recule d'un pas. Balance coup de pied frontal en plein milieu. La porte sort de ses gonds. S'écrase sur le sol blanc impeccable. Mets pas longtemps à trouver la pièce du meurtre. On se croirait à un concert des BlueMan utilisant de la peinture rouge. Sur le sol, bougies réparties en cercle. Et au centre, espace vide laissant deviner la place de la victime. Ressemble à un rituel. Sacrifice ? Vengeance ? Les deux ? Pourrai être fixé qu'après avoir vu le corps. Du moins ce qu'il en reste. Œil soudainement attiré par forme indistincte. Ouvre la fenêtre. Là-bas. Devant ruelle étroite. Silhouette se démarque de l'obscurité envahissante. Est encore plus noire que les ténèbres environnantes. Ai l'impression qu'elle me fixe. Puis tout aussi soudainement mon regard change de direction. Ovale blanc brille dans le ciel. Premier quartier de lune. Regarde à nouveau la ruelle. Plus personne. Le puzzle commence à s'assembler. La nouvelle phase de la lune a commencé il y a deux jours. Nuit du deuxième meurtre. Deux semaines auparavant commençait le dernier quartier. Nuit du premier meurtre. Il y a sept jour : nouvelle lune. On dirait que je suis passé à coté d'une victime. Derrière ces massacres sanguinolents et brutaux se cache une logique froide et cruelle. Et lentement la pleine lune approche. La partie devient intéressante.

Jour Trois

Journal de Rorschach : 19 mai 1973.
Suis passé à la morgue toute à l'heure. Il était midi. Le personnel prenait sa pause entre
deux entretiens avec macchabées. Racontant quelques anecdotes ragoûtantes sur le taux de décomposition de monsieur X ou sur la façon dont madame Y avait perdu la tête. Sa tête. A force de côtoyer les cadavres la vue de la chair ensanglantée ne leur fait plus rien. Ce spectacle leur est devenu banal. Normal. Normal que le corps du petit Jimmy allongé sur la table numéro trois soit passé sous les roues d'un hummer. Normal qu'un protecteur de brebis se fasse déchiqueter dans sa banlieue tranquille de Denver. Normal, car tout ceci ne chamboule pas leurs petites existences douillettes et paisibles au milieu du tumulte extérieur. Mais si la boucherie du coin connue pour son foie gras hors de prix part en fumée, alors ils paniquent. Mais ou diable pourra-t-on trouvé pareille terrine ? Telle est la question qui leur taraude l'esprit tandis que Jimmy a le malheurs de traversé une route qu'emprunte les courses de voitures illégales. Le corps d'Andrew repose sur la table numéro quatre. A coté son dossier médico-légal. Les marques laissés sur son cou correspondent à la dentition d'un loup adulte. Quelqu'un se donne du mal pour faire revivre une sinistre légende maintenant parodié. Pour quelles raisons ? Le dossier parle aussi de substance hallucinatoires retrouvé dans l'appartement. Pourtant aucune trace de drogue n'a été retrouvé dans le sang d'Andrew après l'expertise. Le grand méchant loup consommerait donc des substances illicites. Autrefois les chamans indiens pensaient que le loup avait un lien avec la spiritualité. Eux utilisaient la transe pour communiquer avec le monde des esprits. Plutôt qu'un loup-garou ce serait donc un esprit vengeur que l'assassin utiliserait comme symbole ? Sacrifice et vengeance alors. Vais devoir rendre visite aux dealer du coins. Histoire de savoir s'ils n'auraient pas vendu des drogues hallucinogènes à un loup psychopathe. M'étonnerais que ce soit passé inaperçu. Je poursuis donc cet enquête dans les profondeurs de la ville. L'oeil du cyclone de la criminalité de Denver que les flics corrompus ont laissés pourrir. Espère qu'on m'y fera bon accueil.
Ai récolté quelques informations cet après midi. Il y a dix jours une personne serait venue
voir un gang de trafiquants pour acheter une toxine spéciale. Un ou deux bras cassés plus tard ai obtenu un nom. The Ectoplasm. Drôle d’appellation pour un gang. Irais les voir ce soir. Ai pas pris rendez vous. Leur ferait la surprise. On verra bien s'ils n'ont pas de consistance. Quoiqu'ils l'auront peut-être perdu après mon passage...
Vingt trois heures. Les fantômes doivent procéder à un échange de marchandise dans un
parking. Me fond dans l'obscurité. J'attends. Bruit de pneu dérapant sur sol mouillé se fait entendre. Deux secondes après voiture apparaît. Totalement noire. Vitres teintées. Plaque d'immatriculation manquante. Les voilà. Ai pas à attendre longtemps avant qu'un autre véhicule arrive. Tiens. Un hummer tout terrain. Dans ce boulot les coïncidences n'existent pas. Les trafiquants sortent des voitures. Armes à la main. Sept en tout. L'échange commence. Les négociations aussi. Je glisse d'ombre en ombre jusqu'au hummer. Dépose discrètement un traceur sous le véhicule. Examine les roues avant et récupère quelques cheveux coincés dans les mécanismes. Irais procéder à l'identification plus tard. Revenons-en à mon affaire. La berline noire est restée en retrait. Sans bruit je grimpe à l'intérieur. Me couche sur la banquette arrière juste avant que le chauffeur ne reprenne sa place. Tandis qu'il tapote nerveusement le volant, je tend précautionneusement mes bras. Les replis d'un coup, fermement, sur sa bouche et son nez. Commence à manquer d'air. S'évanouit sagement. Je relâche la pression. Attrape son corps et le jette dans le coffre. De un. Prend la place du conducteur. Le hummer s'en va en faisant rugir son moteur. L'échange semble être terminé. Deux ectoplasmes se dirigent vers moi sans me voir alors que leur chef sort son cigare de grande marque pour se féliciter de son sens des affaires. Pendant qu'un d'eux essaye d'ouvrir le coffre fermé par mes soins, l'autre grimpe à l'avant sans me regarder. Lui dit en murmurant : « On t'a jamais dit que c'était la place du mort ? » L'homme se tourne brusquement vers moi. J'assène un coup sec dans la trachée pour l’empêcher de crier. Surpris, il protège son cou meurtris de ses mains et ouvre la bouche pour prévenir ses copains. Mais aucun son n'en sort. Je saisis sa tête et la plaque violemment contre la plage avant. De deux. Les clés sont restés sur le contact. Pas très malin. Je démarre le moteur et enclenche la marche arrière. Le deuxième homme, surpris interpelle ses collègues inconscients. On va voir si je passe à travers. La voiture prend de la vitesse. Percute de plein fouet le trafiquant pour ensuite l'écraser sur un mur. C'était pas un vrai ectoplasme. Suis déçu. De trois. L'homme au cigare regarde dans ma direction, improvise quelques pas en arrière en titubant. Puis se retourne soudainement en courant vers l'ascenseur de sortie. Très mal joué. Prend beaucoup trop de temps. Je sort du véhicule. Me saisis de mon lance-grappin. Une invention du Hibou. S'avère pratique. L'accroche au bord de la plate-forme. Descend en rappel. Retrouve la terre ferme. Me dirige vers les portes de l'ascenseur. Pile à temps pour l'ouverture. L'homme me regarde. Les yeux grands ouverts. Une goutte de sueur perlant sur son front. La bouche a moitié ouverte. On dirait qu'il a vu un fantôme. Bonne blague. Tout le monde rigole. Ses yeux se posent lentement sur son arme automatique reposant sur son flanc. Tut tut. Mauvaise idée. Fonce sur lui. L'encastre contre le miroir de la cabine. Filet de sang s'échappe du crane. Le plaque contre terre. Maintiens sa tête sur le sol et agrippe sa main gauche. S'ensuit une discussion cordiale et chaleureuse :
« - Son nom !
- Mais vous êtes qui bordel ?! Répond-t-il. Mauvaise réponse. Commence par l'auriculaire. Cri aigu suis le bruit sec d'os cassé. Pas très viril pour un chef de gang.
- Donne moi son nom !
- Mais de... qui t-tu parles ?! – Suivant, l'annuaire. Second cri.
- Le LOUP ! Qui est-il ? Qu'est-ce qu'il a acheté ? Et qu'est-ce qu'il t'a dit ?! – Appuie légèrement sur le majeur.
- Att-attends ! Le mec déguisé en loup c'est ça, hein ? Je lui ai vendu un truc hallucinogène, heu.. de la mescaline, oui c'est ça de la mescaline ! Il a dit qui reviendraient tout les six jours pour prendre la dose. Mais je sais pas c'est qui !
- Des dates, donne moi des dates ! – Nouveau doigt. Nouveau cri.
- C'est bon, putain ! C'est bon ! Il est venu il y a à peu près dix jour la première fois. C'était le neuf, puis comme prévu il est revenu six jours plus tard, le quinze. On a rendez-vous dans deux jours, le vingt et un ! C'est tout ce que je sais !
- Le rendez-vous : Ou ça ?! A quelle heure ?!
- Neville Street, au coin de la soixante-dixième dans l’entrepôt désaffecté, un peu avant minuit ! »
Je relève doucement sa tête, puis l'assomme contre le goudron. De quatre. Sors ma corde,
l'attache fermement et fais de même avec ses compagnons. Laisse ma marque bien visible puis appelle la police. Ai terminé le boulot ici. Me reste deux jours pour découvrir la victime manquante. Si on suit la logique, ce meurtre à du se produire le dix. Cela confirmerait l'intervalle de six jours entre les crimes. Six. Un chiffre qui revient souvent dans cette affaire. Le loup a tout minutieusement préparé. Dans deux jours, irais semé un peu de chaos dans cette sinistre et cruelle discipline.

Jour Quatre

Journal de Rorschach : 20 mai 1973.
D'abord un chasseur, ensuite un fonctionnaire. Leur point commun : la lutte contre les loups.
Mais les personnes concernées dans ce conflit sont nombreuses dans le Wyoming. Pourquoi eux spécialement ? Vais devoir en apprendre plus sur l'histoire de mes morceaux de chairs pour trouver le maillon manquant. Vais commencer par le début pour changer un peu. Les collègues de feu le chasseur doivent bien avoir quelques potins cocasses à partager.
Suis parti tôt, arrivé vers dix heures près du parc national de Yellowstone. Suis allé voir le
patron d'un bar du coin. Un ami des braconniers d'après mes sources maintenant taries. Encore la chance. Dépends du point de vue. La discussion s'est finie dans l'arrière-cour. Le gérant ne se souvenait malheureusement plus du parcours qu’empruntaient ses camarades de beuveries. « Quelque part par -là » a-t-il marmonné, sourire en coin, en dessinant un large cercle de sa main sur le plan du parc. Un cercle qui dépassait même le papier jauni et usé. Lui ai alors demandé s'il avait des enfants. Histoire de faire connaissance. A dû avoir une illumination. S'est souvenu de leur positionnement au mètre près. Oui. Encore la chance. L'ai assommé. Aurait pu prévenir les autres
de mon arrivée. Suis alors parti en promenade dans le parc. Respirer l'air pur. Contempler les paysages. Écouter le chant des oiseaux. Menacer de mort des braconniers. Une belle promenade en perspective. Le patron avait bonne mémoire. Ai trouvé leur campement au milieu des buissons et des fougères. Étaient pas au rendez-vous. Ont dû aller s'aventurer dans la forêt broussailleuse. Pourrais les attendre ici. Ai une meilleure idée. Vais aller chasser du chasseur. Voir leur réaction une fois les rôles échangés. Ai récupéré une carabine laissée dans une tente avant de partir. Utilise rarement ces machines. Préfère le son du choc de la chair contre la chair. Mais aurais peut-être pas l'occasion d'approcher par surprise des chasseurs aguerris. Leur enlever d'abord l'usage d'une jambe ou d'un bras serait plus judicieux. La tête plus pratique mais ils en auront besoin pour répondre à mes questions. Ai repéré plusieurs traces autour du campement. D'après les couchages, ils devraient être quatre. Ont dû se séparer en deux groupes, sont partis dans des directions différentes. Un vers le lac et l'autre toujours plus loin, là où le bois se fait plus dense. Sera plus facile de me dissimuler derrière le rideau d'ormes et de chênes. Même eux n’auront pas pu dissimuler toutes traces de leur passage au milieu de tant de végétations. La chasse est ouverte.
Va faire quinze minutes que je les piste et toujours aucun visuel. Puis, plus rien. Alors que je
les suivais aisément depuis le départ, plus rien. Plus de bruit. Plus de trace. Plus aucun signe de vie. Comme si tout se déroulait au ralenti. Sauf que ce n’est pas le cas. Des mouvements se font soudain ressentir dans le bosquet derrière moi. Arme et vise. Ai alors une désagréable sensation. Celle d’une proie totalement prise au piège. Ai le canon d’un fusil collé contre la tempe gauche. « Et bah mon gaillard t’en fais un boucan ! Aller laisse tomber to… oh, mon joujou ! ». Cet homme… Suis sans doute le plus discret des Gardiens. Cet homme… il est bon. Mais où est l’autre ? «  Tu cherches mon coéquipier, hein ? Il est parti chercher du renfort. Aller dépose cette arme ». Comment sait il… Aurais pas cru rencontrer un type de ce calibre ici. Il n’est pas n’importe qui. Dommage pour lui, moi non plus. Me baisse pour placer l’arme à mes pieds. Inévitablement le canon dévie de sa trajectoire un court instant pour suivre mon mouvement. Je charge. Le coup part, me déchiquette l’épaule gauche. Auras pas le temps de recharger. Empoigne le bout de l’arme d’une main et balance ma jambe droite en plein dans le sternum. L’homme s’écrase dans le tapis de feuilles et de branches sans son arme maintenant en ma possession. Avais dit que j’inverserais les rôles. Ai pas beaucoup de temps avant l’arrivée des autres chasseurs. Changement de plan, s’ils ont le même niveau que celui-là ma chance matinale risque de tourner. Assomme d’un coup de crosse ma proie, la place sur mon épaule encore intacte et me mets à courir bruyamment à travers le dédale de conifères. Maintenant que ma présence est connue, seule la distance que je placerai entre eux et moi compte. Le sang continue à couler de la blessure par balle. Sentir le liquide corporel s’écouler telle une brûlure lente et continue. Une habitude que j’avais perdu ces derniers temps. Pourquoi la victime du kidnapping n’est jamais un danseur trois étoiles ? Est sans doute moins lourd qu’un vieux chasseur bedonnant. Ma course effrénée continue en zigzag. Et mes pas se font de plus en plus lourds. Arrive à peine à contenir des grognements de douleur. M’arrêter ? Pourrai faire ça toute la journée s’il le fallait. Non, moi non plus je ne suis pas n’importe qui. Un Gardien ne s’écroule pas de fatigue entouré de crottins de cerfs et de champignons au milieu d’une forêt souillée par des braconniers. Si être un Gardien représente encore quelque chose. La lumière perce enfin à l’horizon à travers la barrière de frênes. Devrai pas être loin de ma jeep d’après ma montre. Pas besoin d’être le type le plus futé de la planète pour se servir d’une montre comme boussole. La lisière est à quelques mètres maintenant. Et comme dans une mauvaise série policière, les poursuivants arrivent pile à ce moment-là. Autour de moi, les troncs laissent voler en éclats leur écorce sous l’impact des balles gros calibre. Sort enfin du bois. Jette un rapide coup d’œil. La jeep est en haut de la route. Trente mètres. Dernière ligne droite. Aurai pas le temps de me mettre à couvert. Vingt mètres. Les chasseurs sortent à leur tour. Seize mètres. Se mettent à genoux, fusil coincé sur l’épaule, en joue. Ai la triste impression d’être un lapin. Dix mètres. Place le corps du chasseur comme bouclier sur mon dos. Oseront pas tirés. Cinq mètres. Ont osé. Trois balles. Une se perd dans la nature. La deuxième se fiche dans la carrosserie de la voiture. Et la dernière me déchire l’oreille droite. Qu’est-ce que je disais ? Encore la chance. Balance le corps inanimé à l’avant, la place du mort pour ceux qui n’aurait rien suivi. Grimpe à mon tour, tourne la clé dans le contact et fait rugir le moteur sous le bruit des balles naïves ne faisant qu’endommager superficiellement le véhicule. L’interrogatoire se fera donc dans un lieu isolé. «  Qu’est-ce que… ». Le chasseur reprend conscience. Mon poing, lui, se resserre encore une fois. Bonne nuit.
L’une après l’autre, les lampes du hangar grésillent, crépitent, s’éteignent un court instant et,
dans un ultime effort, parviennent enfin à fournir leurs lumières. Si faible qu’on les croirait sur leurs lits de mort. Brillantes comme le dernier vain espoir au milieu des ténèbres. Parfait. Voilà une ambiance qui rendra surement plus loquace mon chasseur encore endormi. Si avais eu plus de temps serait allé chercher de vieux outils chez un garagiste, les aurai ensuite trempé dans une bassine de sang approvisionnée à l’aide d’un abattoir des environs. Le tout disposé de façon théâtrale, histoire de parfaire la déco façon génie du mal. Aurai même plus eu besoin de poser de questions pour connaitre jusqu’au plus petit détail de sa triste existence. Aurai pu être drôle. M’amuse d’un rien. Mais le temps joue contre moi. Dommage. Réveille la belle au bois dormant saucissonnée sur sa chaise branlante d’une claque amicale. Histoire de la ménager un peu. Pour la deuxième fois en une heure, il reprend lentement ses esprits. « Où est-ce qu’on est ? Qui est êtes-vous ? » Toujours les mêmes questions. Tourne autour de lui en silence. Manière vautour. « Ecoutez, vous devez faire erreur. Je n’ai rien fait. » Hum… Fais glisser sa carte d’identité récupérer dans son blouson entre mes doigts gantés. « John Finnegan. » lis-je à haute voix. « John. John. John. Un de tes vieux amis est mort. Mais ça tu le sais. Ce que je veux savoir moi c’est : pourquoi ? » Le voilà qui commence déjà à balbutier sa défense : j’ai pas fait ci, j’ai pas fait ça. Bla. Bla. «  Tu as du mal comprendre la question John. Je ne te demande pas qui l’a tué. Je te demande ce qu’a bien pu faire ton petit pote pour se faire déchiqueter en pleine forêt comme on écrase un vulgaire chien dans un caniveau. Une idée ? » - « J’en sais rien moi. Il avait quelques ennemis, rivaux, quelques disputes au bar mais personne n’en voulait à sa vie ! C’était un mec bien. Mais si je trouve la chose qui lui a fait ça, je… » Une chose… Pas un homme, pas une bête, une chose d’après « Johnny ». La mise en scène du tueur à fait son effet. Mais alors que s’est-il passé pour qu’il en vienne à croire si facilement à cette mise en scène bidon. – « Tu le connais depuis quand ? » - « Depuis qu’on est gosses. On est tous les deux devenus chasseurs très jeunes. Tradition familiale. » Rentrons dans le vif du sujet. « Les loups, John. Les loups. Rien à me raconter à ce sujet ? » Il baisse les yeux un instant. «  Dans les années trente, la chasse était encore légale dans le parc. Et les gens ne voyaient pas d’un très bon œil les loups en libertés. Il y a eu une grande battu… Oui, je m’en souviens comme si c’était hier. On y était. Tous les deux. Bill en a tué plus que n’importe qui ce jour-là. Oui plus que n’importe qui. C’était le meilleur. » L’affaire commence à prendre tout son sens. Une personne n’a pas dû apprécier ce massacre. Un écolo dérangé ? Un passionné qui pète sa durite ? Non. Quelqu’un de beaucoup plus concerné. Il faut être trempé dans cette histoire jusqu’au cou pour se mettre à lacérer des gens de la tête aux pieds. «  Qui a commandité cette battu ? » - « Hum… laissez-moi me souvenir… » Il s’en souvient très bien. Évalue juste si ce qu’il dit ne va pas l’enfouir un peu plus dans ce bourbier. « Ah ça y’est. Ça me revient. Un certain Madson. Oui, Mr. Madson. » Quelle étonnante surprise. Sauf qu’Andrew Madson avait la quarantaine. Ça ne pouvait pas être lui. Hmm. Le père à dut mourir. Le tueur se rabat sur le fils. Etrange cette manie des gens du coins de reprendre le boulot des parents. Bienvenue chez nos amis consanguins. Vérifierais plus tard si le paternel est bien passé de l’autre côté. Mais une chose cloche. John aussi était présent en compagnie de l’autre lors de la battu. Pourquoi pas lui ? Le tueur aurait choisi selon le nombre de loups tués ? Ridicule. « John. Mon petit pote. Et toi, t’a fait quoi ce fameux jour ? » - « Rien d’exceptionnel. J’ai tué des loups. Mais j’suis pas le seul. » Tutut John. Tu réponds vite. Trop vite. Comme si cette question tu la prévoyais depuis le début. « Et tes amis de toute à l’heure ? » - «  Ils n’étaient pas là ce jour-là. On les a rencontré que bien plus tard. » Ma victime manquante. Elle a un lien avec cet évènement. En suis sûr. « Il y avait un troisième homme avec vous n’est-ce pas ? » Cette fois ci, John me regarde étonné « Non, nous étions que deux, pourquoi ? » Hum... Il a l’air honnête. Peut-être que lui n’a rien à voir avec les meurtres finalement. A sans doute dit tout ce qu’il savait. « Tu ne te rappel… » La porte du hangar tonne. Un coup. Deux coups. Et John qui l’ouvre d’un air arrogant. « On est des chasseurs mon gars. Pister c’est ce qu’on sait faire de mieux ! ». Les autres chasseurs… La porte explose. Il y en a une autre derrière. Eteins d’un geste les faibles lumières, plonge en avant, ouvre la porte d’un coup d’épaule sous les insultes et les balles. Aucun poursuivant. Ralentis le rythme et repars tranquillement. Est encore quelques trucs à vérifier. Malheureusement mon épaule commence sérieusement à m’inquiéter. Le garrot provisoire à sale allure. Ai repéré un cabinet médical dans le quartier. Seul problème. Ai pas d’argent. Oserai pas escroquer un médecin tout de même. Ai un sens de l’éthique moi aussi. Un code moral. Vole alors discrètement un porte-monnaie sur le chemin. Considérons ça comme un impôt pour services d’assainissement de la commune.
Va faire trois jours que suis sur le coup. Décide de finir la journée plus tôt, pour récupérer.
Tenterait d’éclaircir les derniers points d’ombres demain matin. Le loup à déjà massacré trois personnes. Serais pas la quatrième. Aura pas de quatrième. Demain soir la traque prendra fin. Et une chose est sûre : un de nous deux finira en lambeaux. Ah, et autre chose aussi : ce ne sera pas moi.
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