Décrire autrement.

Il fait noir. Je tourne la tête, mes mains explorent l'obscurité. Pas un rayon ne filtre ici. Je heurte un objet. Il est froid, du métal je crois, mais sa surface est légèrement rugueuse, je laisse mes doigts courir sur les imperfections du métal. Je n'arrive pas à en faire les contours, mais je crois pouvoir déterminer une certaine logique au imperfection, qui finalement n'en sont peut être pas, j'enfonce mon index dans le petit sillon que je détermine entre les petites imperfections qui ne sont au fond que les bords de ce petit sillon. Je laisse ce petit creux conduire mes doigts, me révélant peu à peu la nature de la gravure. Je rencontre un obstacle, un angle me semble-t-il. Le conduit ne m'a conduit nul part. Je poursuit mon inspection abandonnant la gravure. Mon attention se porte sur la surface jouxtant la gravure. Je n'arrive pas à déterminer si je suis face à un mur ou non. L'obscurité devient oppressante, je m'en rend compte à présent que j'essaye de savoir où me situer dans la pièce si s'en ai une. Un souffle chaud glisse sur moi. L'air vient d'une ouverture situé à gauche de la gravure, mon seul repère. Je cherche d'où pourrait provenir l'air. Je suit le courant constant et immuable, aucune résistance ne m'est imposé par cette douce bise. Mes pieds nu avance avec minutie et petit à petit sur la douce moquette qui jonche le sol. Mes mains devant moi rencontre une grille, voilà d'où l'air vient, mais si il y a un courant, alors il doit y avoir une autre entrée. Je m'attache alors à suivre les murs de la pièce m'apercevant après une rigoureuse étude, que la pièce est vide et petite, hormis la gravure. Une petite fenêtre, elle aussi possédant une grille, semble donné sur une autre pièce. Je passe mes mains au travers de cette petite grille. Quelque chose me frôle, je recule soudainement. Un froissement dans l'air, j'approche mon visage de la petite lucarne, espérant pouvoir capter la moindre lueur, mais rien. Un souffle brusque me surprend alors. Je me recule alors contre la gravure et j'ai juste le temps d'entendre cette espèce de reniflement animal, comme si l'on cherchait à me sentir. Survient alors une fulgurante douleur, malgré l'obscurité cela me fait l'effet d'un flash court-circuitant toute mes pensés et me replongeant dans l'inconcience.

J'avais gravit les marches plastifiées du bus et m'étais assurée que c'était bien la ligne quatre-vingt treize auprès du chauffeur avant de m'assoir sur un des premiers sièges. Par chance je ne descendrai qu'au terminus, ce qui m'évite pour cette fois de demander à être prévenue au bon arrêt.
Quelques minutes plus tard, le chuintement des portes qui s'ouvrent, des mouvements de voyageurs, soudain cette odeur tellement trop épaisse et forte de parfum ! La fausse fleur qui s'est versée une bouteille sûrement chère sur la tête demande un ticket. La voix aussi hautaine que suave, ou plutôt aussi suave que hautaine, pour que les gens aient d'abord envie de l'admirer avant de réaliser qu'ils n'auront aucune chance de la fréquenter.
Je n'ai pas pu m'empêcher de tousser, et je mets une manche devant mon nez quand j'entends qu'elle remercie et s'apprête à passer à côté de moi. Sentant l'ombre recouvrir jusqu'à mon visage quand elle traverse à contre-jour, je l'imagine perchée sur des talons brillants... La supposition est d'autant plus valable qu'un bout de vêtement vient en volant me frôler le bras. Je sais dissocier pas mal de tissu et notamment la soie. Écharpe, ou veste ?

Je suis en tout cas soulagée lorsque la soyeuse et odorante passagère se dirige plus loin vers le fond du bus. Je peux de nouveau respirer, et sourire au commentaire du chauffeur qui m'a vu faire la moue puis me maquer le nez : Pas encore habituée aux excès de parfums ?