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 Disgressions d'un affamé.

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MessageSujet: Disgressions d'un affamé.   Disgressions d'un affamé. I_icon_minitime11/25/2009, 20:22

Spoiler:

Jour 1

Je crachais du sang, et d'autres trucs dont je vous épargne la description. Foutue vie d'merde. On crève tout les dix jours, on change de corps tout les quat' matins, et je ne suis même pas foutu de me débarrasser de mes vieux poumons rongés par la clope.

Ouais, une vie passée à se demander si on allait toucher les étoiles ou plonger dans la fange, c'est stressant. 3 heures de sommeil par nuit, c'est usant, surtout à 32 ans. Alors je fumais comme un pompier pour compenser.

J'ai passé plus de 10 ans à m'enrichir en bon capitaliste. Le courtage, c'était une affaire en or à l'époque. Bon Dieu, j'étais l'as des as. Personne pouvait m'détrôner, j'étais l'roi.

Et puis ce fut la merde. Ouep, la merde. 2H23 du matin, je bossais toujours, à mon habitude. Un grand flash, un grand bruit, et rien. J'me réveille dans une cité en ruine, en sang. Mes anciens collègues n'avaient pas l'air frais, à coup de rangers je me suis frayé un chemin vers la sortie de secours.

Le désert. Manhattan était un foutu désert. Les immeubles avaient disparus. Un foutu désert ! J'ai hurlé pendant des heures, j'ai cru que j'allais devenir fou.

Les gens dans la rue était fous aussi. Et morts, par-dessus le marché. Mais maintenant, dans ce monde de dingue, l'un n'empêche pas l'autre.

3 ans, que j'ai passé dans ce désert pourri. M'abritant de ruines en ruines. Bouffant des vers, buvant de l'eau croupie. J'étais en permanence malade comme un chien, à bout de force et épuisé.

3 foutues années je suis resté amorphe et exténué. Fuck out, jamais je ne me serais laissé aller à crever. J'ai passé plus de 10 ans à être le tueur numéro 1. Le roi d'la bourse, l'homme le plus riche du monde, après 4-5 types dont j'ai oublié le nom, et dont je me fout éperdument.

Toutes ces années, j'avais la réputation d'être un carnassier. Celui qui ne lâchais jamais rien. Et bien là, plus que des contrats ou d'autres conneries, c'est ma vie que je n'ai pas lâché.

3 ans bordel. 3 ans de survie dans la souffrance, la maladie, et la peur. Mais jamais je n'ai renoncé.


Un jour, j'ai trouvé une radio. Le type l'écoutait dans sa cave, barricadé. Y'avait du sang partout, et un demi-cadavre. J'ai du le finir à coup de pompes.

Dans sa radio, une cassette. Alors je l'ai écoutée. Cette musique, j'aurais pu la reconnaître entre mille.

Dire Straits. Une compilation d'une dizaine de morceaux. Industrial Disease en était à la moitié. C'était marrant, parce que cette chanson résumait ma vie. Ou plutôt, la vie de ceux sur qui j'avais fondé mon pouvoir. Sans ce qui était dit là d'dans, je ne serais rien. Cette masse de prolétaires dégénérés qui subissaient mes sautes d'humeur et qui vivaient dans la crainte de mon divin courroux.

Ou plutôt, je n'aurais jamais rien été. Quoiqu'il en soit, j'ai ri. J'ai ri comme un dément, mais de bon cœur. J'ai ri, chose que je n'avais encore jamais fait depuis le Big Crush. Je n'aurais pu dire si c'était un rire nerveux ou quoi d'autre, mais j'ai ri.

J'ai écouté la cassette en boucle. Chantant avec Knopfler, tentant des accords approximatifs sur une guitare invisible, dansant seul dans la cave humide tapissée de sang et d'autre trucs vaguement organiques.


Et puis la pile s'est éteinte. Je me suis assis, et j'ai mangé une vieille conserve immonde qui traînait sur une étagère.


Dernière édition par Lorown le 11/25/2009, 20:30, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Disgressions d'un affamé.   Disgressions d'un affamé. I_icon_minitime11/25/2009, 20:24

Jour 5

Aujourd'hui, panne d'encre, j'écris avec le sang qui suinte d'une vilaine plaie qui me balafre l'épaule.

J'ai bandé la blessure comme je pouvais, j'ai désinfecté à l'alcool, mais le sang ruisselle toujours. Je n'ai pas de quoi étancher la plaie, et je ne déchirerais pas mon costume. De toutes façons, il est tard, aucun abri autre que cette baraque délabrée dans le secteur, et j'entends déjà leurs pas marteler le sol.

Tout les soirs, ils arrivaient. Les morts, par centaines. Je les voyais parcourir la plaine, de nuit, en courant presque, autant que leur permettaient leurs muscles en lambeaux.

Le plus souvent, j'me cachais. Sinon, je courrais. Comme un damné, je courrais, sans jamais m'arrêter ou regarder l'ignoble marée qui me poursuivait.

Dés fois, ils m'attrapaient. Ils arrachaient, ils mordaient. La douleur était toujours aussi aiguë, comme elle peut l'être quand une douzaine de cadavres hurlants s'arrachent vos tripes de la bouche, et arrachent, encore et encore, vous dépècent vivant, vous écorchent vif, et vous vident, tandis que vous hurlez aussi, avec eux, pour eux.

Les zombies ne savent faire que trois choses. Courir, arracher, manger.

Les vivants savent faire un truc en plus. Être. Car un zombie seul n'est pas, mais les zombies sont. Un vivant pense, sent, ressent. Il pense à sa souffrance, passée comme future. Il pense à ses bonheurs passés, à sa vie, à sa mort.

La nuit passée, je me réveillais.

Toujours.

Mes vêtements intacts, mon corps également. Mon petit carnet usé toujours dans la poche de mon veston. A se demander si tout cela n'était pas juste un mauvais rêve.

La soif, le vent brulant du désert et les grognements des corps pourrissants au loin vous tirent vite de cette rêverie absurde.

Tout les jours, je laissais les piles de ma radio au soleil. Elles se rechargeaient, et j'avais de la musique. J'avais appris ça de... Je ne sais même plus de qui je tiens ça. Toujours est-il que ça marche. Aujourd'hui encore, j'ai toujours la radio et les piles.

Sans mon costume, je n'étais qu'un loqueteux, un prolo sans envergure. Sans le costume, qui étais-je ? J'ai vraiment été celui auquel je pense, ou est-ce seulement une autre hallucination ?

J'aurais pu être un mendiant. Ma vie d'homme d'affaires n'existait peut-être pas. Tout ce qui me rattachait à mon passé était ce complet.

C'est en ça que le Big Crush est positif. Tout les hommes sont mis sur un pied d'égalité.

C'est comme si on avait largué l'humanité sur une île déserte, en disant « Que le meilleur gagne ! ».


Un mendiant ou un roi, quelle différence. Cette pitoyable égalité est surtout plus flagrante si on se met à la place d'un mort qui marche. « Viande. Tous de la viande. Toi viande. ».

C'est ce que me disais le regard torve de mes bourreaux quotidiens, quand ils avaient des yeux.


We're the Sultans of Swing, disait la radio. Les beuglements couvriront bientôt sa voix.
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MessageSujet: Re: Disgressions d'un affamé.   Disgressions d'un affamé. I_icon_minitime11/25/2009, 20:24

Jour 23

En fait, le petit carnet, la radio et le costume, c'était tout ce qui me définissait. Un écrivain qui a raté sa vocation de musicien pour devenir patron d'une multi-nationale.

Et pourquoi pas ? J'aimais bien ce passé, tant pis si c'est pas l'bon.

Un costume, ça vous élève au-dessus de la masse. Des prolos en jeans. Vous, vous avez le costume, donc vous avez le pouvoir. Et les autres le sentent. Ils s'écrasent.

Pourquoi garder des habits aussi peu fonctionnels, alors que je suis seul à avoir conscience de ce que je suis dans ce foutu désert ? Parce que j'ai conscience justement, et que si mon costard me définit, mon costard et mon meilleur ami en enfer. Et puis, si jamais je dois rencontrer d'autres survivants, j'pourrais passer pour le chef, sait-on jamais.

Aussi, j'ai trouvé des cassettes. ZZ Top, Deep Purple, Led Zep'... Un don du ciel. La fatalité aurait pu me faire déterrer des cassettes vierges, inutilisables, mais non. J'ai déniché une collection complète et en parfait état de marche. Un don du ciel, vous dis-je.


Ça fait douze longs jours que j'survis. Depuis ma dernière mort en date. J'me porte plutôt bien, j'ai pris l'coup pour vivre dans l'antichambre des enfers. Pas à se plaindre. J'fais du sport. Des pompes, tout ça. Plus que le physique, ça entretient le moral de ne pas se laisser aller.

Aussi, pour me passer les nerfs, je dérouille des zombies. Vous savez, comme dans les jeux vidéos. Sauf que là, c'est beaucoup plus marrant. Surement parce que vous savez que chaque bête éclatée, c'est deux mains de moins sur votre foie. Rassurant. On se dit même qu'en tuant tout les morts, on pourrait être tranquille. A force, on en vient à se demander si le cadavre qu'on vient d'écraser n'est pas votre corps d'hier. C'est une sensation plutôt étrange.

J'ai découvert que les zombie étaient mortellement vulnérable à l'eau. Ils fondent. Littéralement. C'est assez sympa en fait, et puis les gros canons à eau colorés me rappellent une enfance. P't'être pas la mienne, mais je m'en souviens. Sinon quand on est en manque d'eau, la masse de chantier ça marche aussi. Mais j'avais trouvé une centrale hydraulique, alors j'en ai profité.

J'ai bâti une petite forteresse tout confort, et toutes les nuit, j'allais sur les murailles défendre mon château contre les hordes pourrissantes. J'ai jamais autant ri de toutes ma vie. J'ai ri comme un dément en liquéfiant les démons purulents qui en voulaient à mon cerveau, j'en ri encore aujourd'hui, tandis que la vague de ce soir se profile à l'horizon.

J'ai de l'eau et plein de jouets. Mais tudieu, ils se sont donné le mot cette fois. Le désert, d'un coup, et devenu vert, la marée putride s'élançant à toutes jambes moisies vers ma délicieuse et juteuse personne.

On va s'amuser ce soir. La radio tonnait plein pot, j'avais une clope entre les lèvres et mon avenir devant les yeux.
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MessageSujet: Re: Disgressions d'un affamé.   Disgressions d'un affamé. I_icon_minitime11/25/2009, 20:26

Jour 48

J'suis une brute. Un tueur. Un survivant. Commando rompu à toutes les techniques de camouflage, ( Du moins, celles que j'connais. ) médecin post-apocalyptique, ingénieur de génie, et j'en passe.

J'me fais plus avoir. Je sais creuser vite et bien. Je sais panser des blessures qui feraient vomir mon médecin traitant pré-nuke. Je sais inventer des trucs à partir de rien pour tout faire. Bref, j'suis un as.

J'ai rencontré des gens. Des vrais, qui bavaient pas. Ils étaient surpris quand un mec en costard a liquidé les neuf zombies affamés qui les encerclaient. J'aurais du marquer avant que j'avais une nouvelle pétoire à eau. L'équivalent d'un automatique anti-viets, sauf que là c'est pour les morts-vivants.

( Addendum : Est-ce que j'ai fait le Viet-Nam ? Je crois, j'en ai des souvenirs, mais je suis pas sur. )

Enfin bref, ils étaient contents. Un grand maigre au teint cadavérique, ( Je l'ai aspergé pour être sur que c'était pas un vrai cadavre. ) et un gaillard barbu. Le genre de type à couper les bûches avec la tête. J'l'ai ai emmené dans mon palace du moment, une cave glauque où fermentaient des relents de charognes. Un endroit charmant au demeurant.

Les gars m'ont confié qu'ils désiraient se rendre dans un campement de survivants, au nord d'ici, selon les transmissions radio. Si j'avais su, j'aurais éteint la musique pour écouter les infos. Bah, mieux vaut tard que jamais. J'étais quand même content de savoir que j'étais pas seul, que d'autres tentaient de s'organiser pour reconstituer une société, et ce malgré les assauts quotidiens.

L'humanité pouvait renaître, et moi avec.

La nuit allait tomber, alors on a décidé de partir le lendemain matin. Le reste de la soirée, on a fumé, on a bu, écoutant la musique, riant gras et parlant de tout et de n'importe quoi. On s'est suffisamment barricadé, la nuit allait être une promenade de santé.

Demain j'vais rencontrer mon avenir. J'vais poser le jouet à eau, et j'vais redevenir l'homme le plus riche du monde.

Je vais redevenir un homme.
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MessageSujet: Re: Disgressions d'un affamé.   Disgressions d'un affamé. I_icon_minitime

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