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 Idées Noires.

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MessageSujet: Idées Noires.   Idées Noires. I_icon_minitime11/4/2009, 20:43

Spoiler:


Cauchemar.

Où que j'aille, quoi que je fasse, je n'entends parler que de mort. La mort, la destruction, le désastre, la déchéance... Quoi qu'on lise, écoute ou voit, c'est toujours la même rengaine qui tourne en boucle.

A entendre les bardes et skalds des quatre coins du pays, l'histoire n'est peuplée que de monstres tyranniques, vaincus par des héros valeureux au prix de milliers de morts. Fadaises.

L'univers est cerné de joie, de fleurs, et de chants. L'Homme aime son prochain, les bêtes batifolent gaiement dans les verdoyantes prairies, et la vie prospère comme jamais.

Depuis que je contemple ce monde, je ne l'ai jamais vu si resplendissant. La médecine prévient les maladies, la sécurité règne et la commerce fleurit, la haine entre les peuples n'est plus qu'un souvenir balayé par le temps.

Charmant il est vrai. Ce monde est si parfait, si pur. Les plus bas instincts sont réprimés intérieurement, la mort n'est donnée que par nécessité, et chaque être œuvre dans le respect des ses comparses.

Mais nous devons mettre un terme à tout ça, n'est ce pas ? Tuer, voler, piller, violenter, tant de mots si doux à mes oreilles, si âpres et si propres ! Car rien n'est plus propre que la mort, l'anarchie et les grands brasiers assassins.

Brûlons tout cela, oui, brûlons ! Laissons place au carnage, libérons-nous de nos plus grandes contraintes, et abandonnons-nous à nos plus vils instincts.

L'odeur du sang me chatouille les narines. Je ne peux réprimer un petit frisson de contentement, quand je contemple mon monde. Les hurlements de douleur et de rage sonnent comme une superbe musique à mes oreilles. Les corps démembrés, la chair brulée ! Les cris, les pleurs, et le Feu !

Oui, le Feu, le Grand Feu ! Celui qui dévore, qui ravage, qui meurtrit les chairs comme les âmes.

La folie, oui ! Les rêves déments, la destruction de l'esprit par l'esprit lui-même ! Les nœuds de la conscience qui se resserrent sur un petit être déjà brisé...

La mort, dans son plus bel habit. La mort, et ses compagnons, tous venus pour le festin ! Dévorons mes frères, car rien n'est plus beau que le néant, le néant absolu.

Je me réveillai en nage, horrifié par les propos déments que tenait l'Homme au Masque.

Ainsi parlait celui qui hantait mes rêves. Je contemplais par ses yeux ce monde atroce, détruisais et tuais par ses mains, dévorais la cendre ardente par sa bouche.

Ce rêve monstrueux me frappait toutes les nuits, si bien que j'en perdit le sommeil. Je ne pouvais supporter plus de cette horreur. Tout devait cesser, avant que je ne perde définitivement la raison.

Ce rêve était dangereux, je le savais. Non seulement j'écoutai ces atrocités impies, mais je m'en abreuvai, m'en nourrissais et me complaisais dans cette démonolâtrie.

Jusqu'à mon réveil. Et là, au bord de la crise de terreur, je vomissais tripes et âme, repensai avec une répulsion incontrôlable à ces visions démentielles.


Que Dieu me vienne en aide, je ne pourrais vaincre mes démons seul.


Dernière édition par Lorown le 11/15/2009, 00:01, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Idées Noires.   Idées Noires. I_icon_minitime11/4/2009, 20:44

19h55.

19h26. Boulot d'con, métro d'con, vie d'con. J'aurais passé ma vie à mener cette vie insipide, toute une vie métro-boulot-dodo, les deux premiers écrasants ce dernier.

Bref. Ma veste balancée sur une chaise, je profitais de ce trop bref instant de répit pour me griller une clope. Dans moins de 20 minutes, je devrais me remettre au travail. 35 heures, et le reste. Un bon patron ne fait pas faire d'heure supp', oh non. Il se débrouille juste pour que l'ouvrier finisse chez lui, histoire d'éviter le couloir des virés.

Bah. De la paperasse, toujours et encore de la paperasse. Trente ans que je tire les mêmes dossiers pour ces mêmes cons de fournisseurs, Trente ans que j'use ma plume sur ces mêmes dossiers.

Dieu seul sait ce que j'aurais pu faire si je n'avais pas pointé, ce jour-là. Si la veille, je n'avais pas passé ce foutu entretien. Je serais pauvre, à n'en point douter. Pauvre, mais libre. Peut-être aurais-je suivi ma passion de l'écriture, peut-être aurais-je connu le succès ?

Qui sait ? Peut-être mon rêve n'est-il pas si inaccessible, me diriez-vous. Si, il l'est.

19h53, trois cigarettes plus tard. Elle ne devrait plus tarder à présent. Je me suis servi un verre de brandy. Je ne suis pas un grand fumeur, encore moins un alcoolique. Mais c'était le moment où jamais, et puis, pourquoi pas ?

Toc toc, on frappe à la porte. C'est elle, elle est enfin arrivée. Pas trop tôt. J'écrasai ma cigarette, terminai mon verre. Je pris ma veste, sait-on jamais.

J'ouvris, et s'en suivit un long moment de silence. Je la toisai, de même qu'elle me fixait, d'un regard indifférent, vide de tout sentiment, même si on y décelait une lueur d'intelligence macabre.

Ainsi, je devais partir. Où donc, je n'en avais aucune idée, mais n'importe quel endroit serait toujours plus agréable que ce trou que l'humanité appelle ville. N'importe où, sauf Paris.

Paris m'a tué, Paris et son métro, Paris et sa pollution, son travail de bureau, et j'en passe. Certains diront que le stress m'a tué, c'est aussi vrai. Le stress, le manque de sommeil, et tout ce qui qualifie la vie quotidienne de l'homme moderne.

Si c'est ça la vie, je me félicite d'avoir trouvé la mort ce Jeudi 24 Septembre, et vous plains de devoir subir encore toute une vie le plus beau ratage du Seigneur.


A la mémoire de Victor Fauchard, oncle de votre serviteur, décédé ce 24 Septembre à 19h55. Requiescat in pace.


Dernière édition par Lorown le 11/7/2009, 23:19, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Idées Noires.   Idées Noires. I_icon_minitime11/4/2009, 20:48

Courir.

Je courais. Non seulement parce que je le devais, mais aussi car je ne pouvais m'arrêter.

Je courais, à en perdre haleine. Seul éclairaient mes pas, les blafards rayons lunaires qui filtraient au travers des branches de pins, les étaux qui, plus je courrais, se resserraient en une sordide cellule d'arbres terriblement vivants.

Et c'est dans cette nuit interminable, cette nuit qui durait depuis des jours, que je courais, que je courais pour ma vie, même si ma mort était depuis longtemps admise.

J'étais terrorisé. Je courais car j'étais terrorisé. J'écartais branchages et buissons, martelant le sol dallé d'aiguilles, le sol de la route de mon salut. Je devais courir, courir encore, jusqu'à quitter cette forêt onirique, courir pour les fuir.

Par endroits, je trébuchais, mais jamais, au grand jamais, je ne me serais laisser aller à m'arrêter, ne fusse pour reprendre mon souffle. Ils me faisaient respirer, ils me faisaient vivre, ils me faisaient courir, et je ne devais ni ne pouvais m'arrêter.

Dans cette course trop irréelle, je n'étais pas seul. Ils me suivaient. Je me surprenais à crier, en apercevant leurs silhouettes vaporeuses, en entendant derrière moi leur seul murmure, leur seul souffle et leur seul pas, si légers, si aérien. Je pouvais sentir la joie qui emplissait leur âme, les rires enfantins qui résonnaient dans leur cœur, amusés par ce petit jouet qui courrais, qui courrais toujours..

Mais je savais que mon salut n'arriverais jamais. La nuit était, et serait toujours. La course était, et sera toujours. Mais moi, moi qui courais, je n'étais plus.

Alors, entre deux pleurs, je m'assis au pied d'un pin cyclopéen, tremblant. Je les savais déçus. Il étaient tristes. Le jouet était cassé, il ne courait plus. Ils étaient tristes, mais je savais ce qu'ils s'étaient résignés à faire.

Alors ils allaient jeter le jouet cassé, et en trouver un autre. Ses premiers hurlements, pour un instant, se sont mêlés au dernier des miens.
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MessageSujet: Re: Idées Noires.   Idées Noires. I_icon_minitime11/4/2009, 20:52

L'Aube de la Course.

Il existe un monde entre les mondes, un amas de matière rejetée par l'univers, un monde de ténèbres et d'angoisse. Sur cette terre qui n'a jamais vu l'astre du jour, je me suis échoué, Dieu seul sait comment.

C'est dans cette sombre pinède que je me suis réveillé, cette nuit là. J'avais bu, trop bu, il était tard, bien trop tard. Quelque chose m'a heurté, je ne sais quoi. Et puis, suivit un dur réveil sur un sol d'aiguilles de pins.

J'avais peur. Vous ne savez pas ce qu'est la peur, je ne le savais pas non plus, avant d'exister dans ce lieu silencieux, beaucoup trop silencieux pour être réel. Pas un oiseau ne chantait, pas un insecte ne grattait l'écorce. J'étais le seul être vivant dans cette forêt. Même les arbres étaient morts.

Cet endroit n'avait jamais existé, il était mort-né.

Dans la nuit perpétuelle, j'errais. Pendant des heures, des jours où peut-être des mois, je trébuchais dans l'obscurité, perdant toute notion de temps ou d'espace. J'entendais parfois des choses derrière moi, des pas discrets, des rires légers, des choses qui en ce lieu étaient trop atroces pour un homme perdu et apeuré, des choses qui me faisaient fuir en hurlant, tandis que les rires redoublaient dans mon dos.

Et puis j'ai vu de la lumière. Du feu. Des autres, d'autres hommes ? J'ai versé quantité de larmes cette nuit, mais celle là relevaient de joie. La joie de savoir que l'on va survivre, que l'on va trouver du réconfort dans une nuit si lugubre.

Alors j'ai couru, pas pour fuir mais pour rattraper. Une odeur de charnier m'agressait les narines, tandis que je découvrais un gigantesque brasier, où brûlaient des corps, des corps humains. Certains gémissaient, d'autres pleuraient. J'ai gémis, j'ai pleuré. Je connaissais ces hommes.

C'était moi qui brûlait. Des dizaines, des centaines de corps meurtris, sanguinolents, qui me suppliaient, tous portant mon visage comme un tragique masque. Alors j'ai couru pendant qu'Ils riaient, les ombres de concerts avec mes répliques qui se consumaient. Pendant que je courais, un tonnerre de rires cadavériques me poursuivait.

Plus que jamais, ils me poursuivaient. Il n'étaient qu'à quelques pas des miens. Si je trébuchais, il s'arrêtait. Si je courais plus vite, il me suivait.

Mais qui était-il ? Qui étaient-ils ? Mon Dieu, ayez pitié d'un homme perdu en Enfer. Je priais, mais je courais toujours, pour échapper à une inéluctable fin.
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MessageSujet: Re: Idées Noires.   Idées Noires. I_icon_minitime11/4/2009, 21:04

Purgatoire.

Là encore, nous retrouvons un homme perdu, cette fois-ci dans une pièce vide, peinte d'un blanc terne, éclairée par un néon vacillant, prolongée par un couloir illuminé d'ampoules solitaires.

Joseph Hastings ne savait pas vraiment où il était, ni ce qu'il faisait là. D'un caractère plutôt sceptique, il s'avança dans le long corridor, affichant un air circonspect. L'acteur ne le destinait à personne, puisqu'il était seul. Mais son spectateur favori était, comme pour beaucoup d'autres, son reflet, et il aimait à s'étonner lui-même par un jeu pitoyable qu'il qualifiait de génie.

Passons sur le triste sire, venons-en au fait. Au bout du couloir bétonné, se dresse un porte en contre-plaqué, grise comme les murs, grise comme l'humeur de la victime de cette risible farce.

Ouvrons la porte, nous tombons sur une vieille, le regard vide et vitreux, derrière un comptoir de fonctionnaire, faisait face à d'aussi inintéressants personnages, citons un homme fort, portant un chapeau melon bien trop petit pour son énorme tête, et un étrange type aux vêtements élimés, arborant le visage creux d'un déterré et les yeux globuleux d'un drogué de longue date.

Nous prendrons note de l'air abruti de notre héros, qui ne comprend décidément pas ce qu'il fiche ici. Il n'a pas vu le titre, le pauvre. Mais heureusement, il est sur le paillasson sale qui orne l'endroit d'une autre présence désagréable.

« Purgatoire ». En face, de part et d'autre du guichet, deux portes. Vous voyez où je veux en venir.

Balbutiant un chapelet de mots inaudibles, il semble s'adresser à la vieille. Et oui mon pauvre gars, tu es mort. Elle te fais signe d'aller t'assoir, va donc t'assoir.

La chaise est branlante, les journaux présentés collent, le ventilateur fait du bruit. Ne t'en fais pas, ce ne sera pas long. Quoique.

La guichetière tape sur sa clochette, le son te vrille les oreilles. Le ventilateur est toujours aussi bruyant, les néons grésillent toujours. Le gros se lève, s'avance. La vieille tamponne un papier.

A gauche, dit-elle. Il prend son papier, et s'en va, par la porte de gauche. Derrière, un autre couloir. Il n'a pas l'air heureux, et il a un couteau planté entre les omoplates. Tu es bien mort, c'est un fait, et lui aussi.

Le drogué d'à côté n'a pas l'air frais non plus.

[...]

Voilà environ trois longs millénaires que tu attends. Mais là-haut, ton cadavre est encore chaud. Tu n'as rien mangé depuis ton arrivé, rien bu non plus, tu meures de soif, de faim et d'ennui.

Mourir, que voilà une idée merveilleuse. Mais si seulement tu pouvais mourir... Voilà des siècles qui tu n'as plus d'ongles, ni de cheveux, la faute à la folie qui te gagne. La vieille n'a même pas daigné t'accorder un regard tandis que tu hurlais, t'arrachant la peau du crâne, et te brisant les phalanges, à force de gratter à cette maudite porte, fermée à tout jamais.

Tu n'as pas vieilli d'une once. Bien sur, les rares cheveux qui parsèment le champ de bataille sanguinolent qu'est devenu ta tête, ont blanchis de terreur, et tes traits sont déformés par cette peur perpétuelle. Mais tu es toujours aussi jeune qu'à ton arrivé.

Quoi de plus monstrueux que de savoir que l'on est mort, mais qu'on refuse de vous le dire ?
Tu voudrais tellement mourir... Mais ton voisin est parti, personne ne mettra fin à tes jours. Même dans cette pièce, rien ne saura abréger tes souffrances.

Trois mille ans, trois mille ans à entendre comme seul compagnie le tic-tac d'une pendule absente, et la désagréable présence d'une voix qui hante ta non-vie, ma seule voix qui te rendrais presque plus fou que tu ne l'est.

Tu voudrais que je te dise que tu vas mourir ? Non, je te garde ici, avec moi. Je ne te laisserais jamais mourir, tu es ici pour l'éternité, et ce même après la mort de l'univers. Tu voudrais tuer, n'est ce pas ? Te venger, en quelque sorte ? Mais sur qui ? Il n'y a personne ici, même la vieille n'existe pas. Rien n'existe. Tu n'existes même plus. La seule chose qui ait un tant soit peu de réalité, c'est moi.

Tu es perdu, et jamais tu ne sortiras du purgatoire, jamais personne ne viendra te sauver, tu m'appartiens désormais...

[...]

Ding, c'est la cloche qui retentit, sous la main de la vieille, inchangée depuis ton arrivée.

Voilà quelques dizaines de milliers d'années que tu attends ce moment. Tu pleures de joie, tu hurles, de bonheur pour une fois. Fais-moi confiance, tu vas sortir de cet enfer.

Haletant tu te précipites sur le guichet, riant nerveusement, d'un rire décidément malade. Tu es malade, sais-tu ? Elle te donne ton formulaire, et t'indique la porte de gauche. Tu n'en a rien à faire, tu veux juste sortir ! Et tu vas partir, n'importe où sauf ici !

Porté au gré des couloirs identiques successifs, tu coures vers ton salut. Tu es un nouvel homme mon ami, ta terreur a disparu, la joie emplit ton petit cœur meurtri...

Enfin, après de longues heures de course, une porte se dresse devant toi. La même que celle par laquelle tu es arrivé, la même que celle par laquelle tu es parti. Pense à toutes ces années passées en Enfer, et prie pour que jamais telle chose ne se reproduise.

Tu tournes la poignée. De chaudes larmes coulent sur tes joues décharnées, tes genoux flageolent sous le poids de ton émotion. Clac. Dans un silence absolu, la porte s'ouvre. Une forte lumière t'éblouit, tandis que tu avances vers ton absolution. Avance, fais-moi confiance. Le Paradis te tends les bras, ton calvaire est terminé. Tant d'années passées dans la crainte de l'après, dans la peur que demain soit aujourd'hui...

La porte se referme. Tu ne sais pas où tu es, mais ce n'est pas le Paradis. Bienvenue au Purgatoire. Le néant absolu. Ne te retourne pas, la porte n'est plus. Rien n'est à présent. Pas de murs, pas de portes, pas d'existence. Rien, sauf le blanc, le blanc immaculé et infini. Ton ombre t'as abandonné, ce n'est que toi que je voulais garder à mes côtés, pour toujours est au-delà.

Tu sais, quand on entre quelque part, on arrive forcément par le vestibule...
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MessageSujet: Re: Idées Noires.   Idées Noires. I_icon_minitime11/4/2009, 21:08

Fils de la Lune.

La folie, et plus précisément quand elle était aussi profonde qu'elle l'était chez Carl Mood, est en un sens, la chose la plus naturelle qui soit.

Quand l'esprit humain, la chose la plus complexe qui soit, s'autodétruit, n'est-ce pas là la preuve indéniable que la nature frappe au hasard ? Que Dieu n'est qu'un enfant qui joue avec une fourmilière ? Où est-ce la signature d'autre chose, une chose malfaisante ?

Le monde est un immense paradoxe, où les choses les plus magnifiques côtoient, engendre parfois, des aberrations si monstrueuses qu'on ne peut que blâmer l'entité qui en est responsable, et plaindre son enfant, qui dans sa démence, ne sais que tuer et meurtrir.

Chez ce bon Mood, cette entité n'est autre que la Lune.

La Lune, qui siège si près de nous dans le théâtre céleste. La petite sœur de notre luxuriante Terre, et pourtant si différente. Cette roche morte qui dérive dans notre ciel, sa face grêlée de cratères, sa surface si aride, si gelée... L'exact Némésis de notre vieille mère la Terre.

Les plus érudits sauront vous dire que c'est notre planète qui, il y a des éons, pendant sa formation, accoucha de ce monstre lacunaire. Un enfant mort-né qui, depuis sa mise au monde, contemple sa mère qui verdoie, qui pulse et engendre tant de beautés.

Une fille délaissée, accrochée là-haut dans le ciel, hors de portée des bras de sa mère. Une fille amère, trop longtemps reniée, dont l'être lui-même n'est fait que de matière primitive, violente, le magma de rage ancestrale qui constituait le prologue de l'ode à la vie qu'est notre planète.

Terre est vie, Lune est mort. Terre est amour, Lune est haine. Terre est bonté, Lune est démence.

Quand Terre fait naître la beauté, Lune engendre horreur. Quand Terre donne la mort, Lune prend la vie.

N'a-t-on pas, à l'époque où la médecine cherchait à prendre la place de l'obscurantisme religieux pour guérir les maux, appelé les malades mentaux, enfant de la Lune ? Eux dont l'esprit, aussi changeant et chaotique que l'astre lunaire, eux dont les visages se métamorphosaient, comme ceux du disque d'argent ? Ces aliénés, dont les faces se tordaient en d'hideux rictus, au moment où leur mère affichait le sien en un identique croissant ?

J'ai, il y a de cela quelques lignes, fait allusion à Carl Mood, et par extension à sa seule victime, le Docteur Jack Howard Barker, un fort fin psychiatre, peut-être le plus grand de sa génération. Dans cette époque sordide où les seuls soins que l'ont réservait au malades mentaux était l'isolement perpétuel et le fouet, Barker prenant plaisir à étudier, diagnostiquer, guérir.

L'histoire nous apprend que raisonner un fou est une complète perte de temps, je ne citerais pour appuyer mon propos que le Chat de Lewis Carroll, dont mes plus fins lecteurs se souviennent du sourire affreux, ce sourire de Lune.

Bref, revenons à nos moutons noirs. Barker avait, et ce depuis longtemps, arrêté d'espérer pouvoir raisonner ce genre d'individus malheureusement trop atteints, et c'est la raison pour laquelle il se cantonnait au cas plus doux. Il lui suffisait de déceler une lueur d'humanité dans les yeux fous de son patient pour se promettre de sortir son esprit du chaos.

Mais c'était impossible de trouver quoi que se soit d'humain dans Carl Mood, son dernier patient.

Ce 4 Octobre 1904, Le docteur trouvait, recroquevillé sur son palier, des cheveux blancs, hirsutes ( Détail étrange puisqu'il n'était alors âgé que de 24 ans. ) et le teint blafard, un homme tremblant, apparemment terrorisé et désorienté.


Barker, dont la trop grande empathie causa la perte, fit rentrer le jeune homme dans sa maison ( Pouvait-on parler de manoir ? ) et tenta de le calmer. Il ne pouvait se résigner à donner ce pauvre hère à la police, laquelle s'empresserait de s'en décharger au Miskatonic Sanitarium, endroit sordide où soins et mises à mort se confondaient dans un atroce ballet.

Le docteur, dont la fibre scientifique ne pouvait être retenue, décrivit ses observations sur son carnet, carnet dont je suis l'heureux possesseur, et sans lequel je n'aurais pu vous conter cette macabre fable. En voici les lignes les plus marquantes, manifestement écrites à la hâte.

Ses papiers indiquent qu'il est Robert Mood, ouvrier en bâtiment et sain d'esprit jusqu'à ce jour. Il est assis recroquevillé dans mon fauteuil, marmonnant un incompréhensible charabia inarticulé, malgré ses traits déformés par la peur il affiche un rictus qui malgré mes années d'expérience me met mal à l'aise, il rit à présent, ses mots deviennent compréhensibles. [...] Il a parlé un instant de mère d'argent et de constellation de pierre, ses délires n'ont pas de sens. Il s'est évanoui, je dois appeler maintenant un collègue Jenkins va m'aider, je crois qu'il peut devenir violent.

D'après l'enquête, Clive Jenkins n'a jamais reçu le coup de téléphone, la chose s'expliquant par le fait qu'on ai retrouvé le corps affreusement mutilé de Jack Barker, la main crispée sur le combiné, main située à quelques mètres du corps tronqué.

Cette enquête, à ce jour bouclée, incriminé Mood du meurtre du docteur, meurtre extrêmement violent au vu des photographies qui accompagnent le dossier. Un accès de folie, à ce jour inexpliqué, l'aurait poussé à errer le long des routes, de trouver la porte du médecin et de l'assassiner avec la rage qui caractérise trop bien ce genre d'actes menés par les aliénés.

Vous y croyez ? Croyez-vous que c'est le hasard qui a fait dériver l'âme de Carl Mood devant la porte toujours ouverte du bon docteur Barker ? Ce merveilleux hasard qui lui a ordonné de démembrer le psychiatre ?

Quand la Terre aime, la Lune haït, je l'ai déjà dit. Mais quand la Terre, où plutôt un de ses fils, s'évertue à priver la Lune de ses enfants, quelle serait la réaction de cette dernière ?
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MessageSujet: Re: Idées Noires.   Idées Noires. I_icon_minitime11/4/2009, 21:11

Industrial Disease.

Il est impossible, et ce malgré ce que pensent les rares bikers velus qui subsistent de par le globe, de vivre de musique trop forte, de vitesse grisante et de mouches dans les dents.

Désolé.

ZZ Tops, ACDC et Metallica sont morts avec l'Industrial Disease. Leurs derniers fans s'offusquent, mais la vérité est là. Les seuls musiciens qui vivent aujourd'hui de leur art ciblent la ménagère moyenne où l'adolescent(e) en mal de personnalité.

Le prophète Knopfler l'avait décrite telle qu'elle était en cette fin de siècle, quand en 68 les derniers contestataires pensaient pouvoir faire bouger les choses, quand Woodstock croyait encore en une utopie d'amour aux cheveux longs et aux idées courtes.

L'Industrial Disease mes amis, la maladie incurable qui condamne chaque homme, chaque femme, chaque enfant de ce monde à se lever avant le soleil pour aller mourir à la mine. La maladie qui entraine cancers, ulcères, et parfois mort violente. Cigarette, alcool, stress, tels sont ses symptômes.

La maladie psychologique qui apporte les troubles physiques, et également celle qui fit plus de morts que la peste, le choléra et Maggie Thatcher réunis. Overdoses, drogues et alcools, tumeurs du fumeur, suicides, et j'en passe... Depuis ce début de siècle nous assistons à une décadence de massacres divers et variés, cautionnés et encouragés par un État qui vous veut du bien.

Du moment que cela rapporte, où est le mal ? Demandons donc aux victimes de l'amiante, où aux irradiés des premiers essais nucléaires. Pour ne citer qu'eux.

Saviez-vous que le lait est nocif pour la santé ? Qu'il vous prend, par exemple, plus de calcium qu'il ne vous en donne ? Qu'il est la première cause d'ostéoporose ?

Dans la même lignée, saviez-vous que le sucre raffiné est aussi dangereux à long terme que du curare à petites doses ? Ça laisse à réfléchir, et quand on pense que sans ces produits bien trop répandus, nous pourrions vivre quelques dizaines d'années supplémentaires, ça laisse songeur.

A bas le capitalisme ! Oui. A bas le communisme ! Oui. A bas la modernité ! Aussi.

Nous sommes tous d'accords, mis à part les plus candides d'entre-vous, que le principe même d'utopie est franchement irréalisable, sans des siècles de préparation aussi économique que mentale. Donc oublions tout bonnement l'idée que nous pourrions un jour vivre 150 ans, même si cela n'a rien d'impossible.

M'est avis que l'homme, non content de détruire, le fera progressivement. L'Industrial Disease va ravager le monde, l'espérance de vie va décroître doucement jusqu'à ce que nous régressions pour mourir dans la fange dont nous n'aurions pas du sortir à l'aube de notre évolution.

Et bien, vivons longtemps et mal, c'est toujours mieux que de vivre intensément et peu longtemps. Même si, à ce train, nous sommes bien partis pour vivre peu longtemps ET mal.


Votre bon médecin de famille ne pourra rien pour vous, si compétent soit-il. Je ne connais personne capable de supprimer le Lundi mâtin du calendrier, d'empêcher la nicotine de faire oublier à vos poumons qu'ils deviennent noirs de suie, où de retenir votre main à l'instant où vous entamez votre douzième verre, ivre mort sur un comptoir crasseux.

Vivez comme vous voulez, je n'en ai cure. Retenez seulement que je vous aurais prévenu par ces quelques lignes, que l'Industrial Disease ne s'arrêtera que lorsque l'homme aura disparu ! Vous n'avez pas le temps de vous préoccuper de votre mort, elle arrivera bien assez tôt.

Tout les humanistes avaient tord. Christ avait tord. L'Humain n'est pas bon, il tue, pille et viole comme un animal et raisonne perversement comme un Homme pour se donner bonne conscience. Que vos enfants et les enfants de vos enfants se souviennent de se message : Ne craignez pas la guerre, le nucléaire ou la pollution, la maladie qui vous guette est bien plus pernicieuse !


Note de l'auteur : Je bois du lait, mets du sucre dans mon thé, écoute ZZ Top et Led Zep' à m'en décoller les tympans. ROCK'N ROLL !
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MessageSujet: Re: Idées Noires.   Idées Noires. I_icon_minitime11/4/2009, 21:17

Loi et Chaos.

Les lois morales de notre société occidentale sont fondées sur la religion, et j'entends par là le christianisme, et par extension la religion hébraïque.

A l'apogée du christianisme occidental, durant la période trouble du Moyen-Age, le bas-peuple, victime de famine, d'épidémies violentes et de guerres sanglantes, n'avait qu'une seule épaule sur laquelle pleurer : Dieu.

Durant sa courte existence, seules régissaient la vie d'un paysan ces lois séculaires; les Dix Commandements, dictés de générations en générations par les gras représentants du divin aux malheureux.

Ces commandements établissent dix lois toutes simples, selon lesquelles il est facile de vivre, et qui prémunissent l'Homme contre ses déviances, religieuses bien sur, mais notons que ces règles, appliquées à un athée, nonobstant quelques modifications, peuvent lui garantir une vie saine et droite.

Je suis le Seigneur ton Dieu Qui t'a fait sortir du pays d'Égypte.
Tu n'auras pas d'autre Dieu que moi.
Tu ne prononceras pas le nom de Dieu en
Souviens-toi du jour du sabbat.
Tu Honoreras ton père et ta mère.
Tu ne tueras point.
Tu ne commettras pas d’adultère.
Tu ne voleras pas.
Tu ne feras pas de faux témoignage.
Tu ne convoiteras ni la femme, ni rien de ce qui appartient à ton prochain.

Un homme moyen, comme on en rencontre par centaines dans nos rues, vivra sans enfreindre une de ces lois. Au grand maximum, deux ou trois, ce qui est absolument négligeable.

Évidemment, une société ou la totalité des citoyens respecteraient ces lois n'est pas envisageable, c'est une utopie parfaitement irréalisable. Nous sommes des animaux, et nos plus bas instincts sont irrémédiablement impossibles à réfréner. Tant que l'Homme sera vivant, il ne sera rien d'autre qu'une bête.

Résumons. L'être humain est un animal, qui se coupe de sa nature bestiale en apposant à sa vie des règles immuables, existantes depuis quelques milliers d'années.

Dans cette phrase, deux aberrations plus que choquantes. L'être humain est un animal, point. Il n'a pas à faire le schisme entre sa nature et sa conscience. Depuis toujours il s'échine à dominer la terre pour asseoir sa domination sur la planète qu'il considère comme sienne, depuis toujours il est rappelé à son être par la mort, marque de la suprématie de la vie « primitive » sur la modernité.

Deuxième monstruosité, c'est qu'en parallèle de cette course à la technologie et à la domination, la morale n'a pas bougé d'un pouce depuis des éons. Ces dix commandements qui rabâchent la pureté sont depuis trop longtemps périmés, et si on ajoute à cela leur inutilité flagrante, nous convenons qu'il s'agirait de les bannir de nos vies, et l'acte aurait du être perpétré depuis quelques siècles déjà.

Mais si l'homme revient à son être profond, si l'anarchie animale est rétablie, si l'ordre ancien est remis à jour, des commandements pareils seraient paradoxalement utiles et inutiles. Utiles car une dystopie entropique a tout de même besoin de règles pour exister, et inutiles car la notion de règles est en totale contradiction avec la définition du chaos.

Dans cette logique si implacablement illogique, ces commandements devraient être l'exacte inverse des lois juives, pervertissant ses valeurs d'amour et de respect en des abominations de destruction et de vice.

Des écrits retrouvés dans l'ancienne Judée parlent de ces anti-lois ainsi.

Je suis Sothot qui te fera rentrer en Ubbo-Sathla
Tu haïras les autres dieux que moi.
Tu blasphémeras en mon nom.
Souviens-toi du Jour du Sang.
Tu tueras ton père et vendras ta mère.
Tues.
Tu commettras l’adultère et le forceras.
Tu pilleras avec violence.
Tu mentiras pour ta vie.
Tu convoiteras le bien et la femme de ton prochain.


Certains termes, comme « Sothot », ou « Sa » parole dont les hérétiques font allusion restent toujours obscurs, cette secte toujours inconnue.


Néanmoins, cette idée d'une utopie nihiliste fait froid dans le dos. Mais, est-elle vraiment irrecevable ?


Dernière édition par Lorown le 11/15/2009, 00:00, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Idées Noires.   Idées Noires. I_icon_minitime11/10/2009, 23:25

Réalité altérée, Altération réaliste.


La nuit est une chose si magnifique d'absurdité pour la psyché humaine. Outre le fait que le corps meurtri du seigneur comme du prisonnier se remet de ses émotions, se répare physiquement et se prépare à endurer une nouvelle journée de labeur, l'esprit, lui, divague, dans les limites de l'illimité.

Il n'y aucune borne qui délimite les frontières de l'esprit humain, la chose la plus compliquée et perverse de notre univers. La nuit, le saint rêve de meurtre, le prêtre rêve de viol, l'assassin rêve d'amour.

Je ne m'étendrais pas sur la face scientifique du sujet. La psychiatrie est un art trop tortueux pour être résumé en ces quelques lignes. Mais, il est tout de même intéressant de s'intéresser aux conséquences, si les causes sont trop ésotériques pour nos pauvres cerveaux mortels.

Ce cerveau qui est en lui-même une machinerie qui dépasse l'entendement, machine que l'homme ne pourra jamais reproduire. L'ordinateur est certes, doté d'un esprit analytique froid et efficace, d'une banque de connaissances et d'un programme sans faille, il n'en est pas moins dépourvu d'imagination.

Le jour, l'ordinateur vous domine. Il est plus fort, plus rapide, plus intelligent. Mais la nuit, la systématique robotique laisse place à la démesure de l'imagination humaine. Qu'importe votre niveau intellectuel, philosophe, ingénieur ou ouvrier, vous avez en vous une puissance psychique qui dépasse de loin les limites de nos connaissances, une puissance de l'homme conscient ne pourra jamais appréhender.

Paradoxal, n'est-ce pas ? Nous ne sommes pas capables d'expliquer ce qui se passe dans notre propre tête. Les pionniers de la psychiatrie savent interpréter les divagations de l'esprit. Mais cette traduction est si terrienne, pour un phénomène aussi aérien...

Nous savons ce qu'est un cerveau. Nous savons de quoi il est constitué. Dans les moindres détails, nous en avons étudié la totalité. Les fonctions. Les besoins. Comme le reste de notre corps, il a fait l'objet d'études exhaustives, ne laissant rien d'incompris.

Et puis vient la nuit. La nuit, la théorie est inutile. La nuit est le domaine de l'altéré, de l'irréel. De l'imaginaire. Tout peut se produire, et c'est généralement le cas. Si vous vous perdez dans les méandres de l'imaginaire, votre intellect fabuleux ne pourra rien pour vous. Paysans comme dramaturges, tout le monde finira à l'asile un jour ou l'autre.

Comme vous, votre « intelligence » terrestre, donc vos connaissances et votre faculté à raisonner, est enchainée, foulée au pied par les délires de la psyché, cet imaginaire personnel si effrayant d'incompréhensibilité.

Ce délire, c'est vous. Vous en êtes l'origine. Mais vous ne savez pas pourquoi, ni comment vous y êtes parvenu, ni même comment le combattre. Le jour, vous êtes maître de vos pensées. La nuit, vous êtes leur esclave. A leur guise, vous serez brisé, sombrerez dans la démence, ou serez relâché avec bienveillance aux premiers rayons solaires.

C'est ce qu'il y a de plus beau dans cette folie latente qui dort au fond de chacun de nous, c'est qu'elle est complétement imprévisible. Votre mental ne veux en aucun cas vous faire du mal, mais il n'est pas dans son intérêt de vous laisser sain d'esprit. Au gré de ses humeurs de réduire votre intégrité mentale en charpie, ou de vous procurer le bonheur d'un magnifique rêve.

L'humain est fou. Nous sommes humains. Nous sommes fous.
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MessageSujet: Re: Idées Noires.   Idées Noires. I_icon_minitime11/14/2009, 23:36

L'Île aux Fous


Je m'appelle Francis Simmons, j'ai trente-quatre ans, je suis banquier, et j'ai tué ma femme.

Cette garce ne méritait pourtant pas que je finisse mes jours en prison pour elle, mais je l'ai tué. Elle et son amant. Lui, d'une balle dans la tête, elle, d'un coup de poignard en plein cœur.

Et aujourd'hui, j'ai été envoyé en prison. Dans La Prison. A Ataxia.

Ataxia garantit l'absence totale de crimes récidivistes dans notre monde. Pour la simple raison que nous allons passer nos derniers jours en prison. Pas de libération. Jamais. Juste la mort, à plus ou moins brève échéance.

Quand je suis arrivé, c'était dans la plus complète anarchie. Pas de gardiens, pas de surveillance. Une société de parias fonctionnant dans le chaos le plus total. Apeuré par cette orgie de violence gratuite qui n'en finissait jamais, dégouté par ces monceaux de corps pestilentiels qui s'entassaient, et fasciné par ces feux éternels qui dévoraient l'île des bannis, j'ai trouvé un vieux bâtiment en ruine, et avec d'autres « nouveaux » nous avons fondé, dans une cave qui empestait la charogne, le quartier général d'une nouvelle organisation.

Nous voulions rétablir la paix sur Ataxia, pour pouvoir survivre. Nous avions peur, et ne savions pas à quel point ceci était stupide...

… Durant quelques mois, nous avons, impuissants, assisté à une débauche d'horreur inhumaine. Des êtres autrefois humains ont dévoré vivants plusieurs de mes camarades. La nuit, j'entends encore les hurlements de mes amis de fortune, mêlés aux rires déments des goules.

Mais, le cannibalisme était quelque chose de secondaire, j'allais l'apprendre à mes dépends. J'ai évité quantité de viols, de passages à tabac et de tentative de meurtre. Je m'y attendais, je ne sais pourquoi... Le pire était que dans cet Enfer, je découvrais à chaque coin de rue une nouvelle définition de l'horreur.

J'ai vu une émule de christianisme, un détenu égorgé tenant lieu de messie. J'ai vu des chasses à l'homme, le perdant dévoré, mutilé ou torturé. J'ai vu des restes d'enfants disputés par des prisonniers affamés. J'ai vu des drogues qui faisait exploser le cœur, qui faisait vomir sang et tripes, j'ai vu des hémorragies atroces, des blessures répugnante, et quantité d'immondices dont mon cerveau ne veut plus entendre parler, mais dont mes yeux sont marqués à jamais.

Je suis devenu fou. Fou à lier. Au milieu des ruines en flamme, au milieu des cris et du sang, réfugié dans un tas d'ordures, ma dernière réflexion saine a été de se demander ce qu'a été cet enfer avec le feu, le sang et la cendre.

Était-ce une belle ville ? Si ma femme n'avait pas été une putain, aurais-je pu y vivre avec des enfants ? Aurais-je pu y vieillir heureux ? Et même, aurais-je pu vivre heureux dans les flammes ?

Pour la dernière fois, j'ai su qui j'étais. Après cela, mon âme est morte. Je suis sorti du tas d'ordures, j'ai hurlé, j'ai fait couler le sang, et j'ai arraché la chair des os.

J'étais Francis Simmons, prisonnier dément, perdu en Enfer.
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MessageSujet: Re: Idées Noires.   Idées Noires. I_icon_minitime12/1/2009, 22:24

Déprime d'Hiver.

Je vous sers là une tranche de vie, les Idées Noires prenant de plus en plus la forme d'un journal de pensées aussi dérangées qu'inutiles.

Alors, quitte à sombrer dans la médiocrité, autant plonger dans la noirceur de ce lac froid et abyssal qu'est mon esprit pour y abandonner cette page souillée d'encre virtuelle.

Adieu littérature enflammée, bonjour numérique sans âme. Ce monde me dégoute de plus en plus, tant par son occupation par des singes décérébrés que par son incapacité à détruire une fois pour toute cette race maudite. La nature n'est qu'une prostituée heureuse de son sort, après tout. Violée depuis la nuit des temps, mais toujours prête à recevoir un autre coup de la part de l'amante ingrate qu'est humanité.

Qu'est ce qui me répugne d'autre ? Voyons... L'hypocrisie pathologique des gouvernements ? L'alcool, la clope, la drogue, c'est mal. L'État qui s'enrichit en contrôlant la production de ces substances, par contre c'est bien. Les banques qui font fructifier votre argent grâce à la vente d'armes et aux mines pour enfants en Afrique, c'est bien aussi.

Le monde tourne à l'envers. A chaque jour que Dieu rate, je découvre une autre horreur, verse une autre larme égoïste, en pensant que je vais devoir vieillir dans ce cloaque.

De quoi me plains-je ? J'ai mon petit confort de série, ma petite vie occidentale nourrie de principes aussi antiques qu'inutiles... Le pain et les jeux, mais quelle connerie monumentale. Si c'est bien le seul idéal de l'humanité, mes larmes se transformeront en crachats, signes du dégout profond que m'inspirent ces porcs gavés d'argent jusqu'à la nausée, et leur troupeau servile et attardé de consommateurs qu'on conduit allégrement à l'abattoir.

Notre monde est une orgie de papier coloré. Des guirlandes de billets verts et roses qui embellissent des pays suants de morale bafouée par tout les orifices, vidant leurs estomacs dorés sur l'éthique et les droits de l'homme. Des rubans roses et jaunes qui font baver d'envie des pays de crèves-la-faim, des pays désertiques où on trouve de nouvelles maladies tout les jours, histoire d'occuper nos médecins entre le rhume du petit dernier et la tendinite de monsieur.

Non content de se rouler dans leur fange d'or, nos bons bergers crachent aussi sur ceux qui refusent de cautionner le système. Tu refuses de porter des chaussures fabriquées par des gosses sous-nourris en Asie ? T'es un pouilleux, une saloperie de gaucho.

Le gauchiste est le juif du troisième millénaire. La raclure à exterminer, à discréditer par tout les moyens. La gauche serait-elle maudite ? Nos anciens étaient bien inspirés quand ils l'ont taxées de sinistre, à voir les retombées actuelles. La gauche qui gagne est une droite modérée. La gauche qui perd, et bien c'est juste la gauche.

Sinon, quoi d'autre aux infos ? En vrac, les juifs qui persécutent un mourant, ( Persécution méritée ou pas, là n'est pas la question. Reste que la vengeance aveugle est souvent bien marrante. ), nos milliers de scientifiques chômeurs qui ne se mettent pas d'accord sur le réchauffement climatique et autres conneries qui risquent potentiellement de détruire l'humanité à plus ou moins brève échéance, et sans oublier les centaines de catastrophes écologiques qui font bien rire le français abrité que je suis.

La pute lascive se défendrait-elle ? Non, l'amant irresponsable joue avec le feu et se brûle les parties. On laissera une salope meurtrie et bafouée étendue nue sur une couche moite de sueur, lorsqu'on finira par ruiner toute chance de salut pour l'humanité, en faveur de quelques centimes de profit. Les jambes grandes ouvertes, prête à accueillir un autre amant plus tordu, vicieux et violent que l'humain.

Ce monde est sordide. Mais je l'aime. Je suis sordide, et je me plais à raconter les erreurs de l'humanité, ses dérives sur le chemin bordé de cadavres de la démence. Je suis un raté, une immondice à effacer, un déchet de la société. Un produit mal fini, comme beaucoup d'autres, d'une société malsaine.

Un faux prophète résigné à son sort, noyant ses angoisses dans une page blanche. Un conteur trop lâche pour modifier les histoires qu'il raconte.

Oui, le mot est là. Je suis lâche. Résigné à mon sort comme un cancéreux.

Ma lucidité tordue est un cancer. Je suis la pute amorphe qui attend avec impatience de vous raconter son prochain coït avec une autre monstruosité, engendrée par mon esprit malade, ou tout simplement par le monde pourri que je m'efforce de dénoncer sans oser lever la main.

Plus formé ainsi que né comme cela, pour ainsi dire. Si je n'étais pas un petit européen moyen, gardé du froid et de la faim par son petit confort mal acquis ? Mon esprit pervers est-il une erreur de cette société pourrie, ou juste une tare de naissance ?

Je peux répondre à des milliers de questions, sauf à celles qui me concernent. Je ne me connais pas, je ne sais pas qui je suis. Pire encore, j'ai peur de ce que je suis. Je ne suis pas un prophète, finalement. Mes théories s'écroulent, puisqu'un esprit malsain ne peut pas raisonner logiquement. Je ne suis pas un fou, puisque conscient d'être malsain.

Alors, qui suis-je ? Un gamin rebelle incapable de réagir ? Un intellectuel perdu dans les méandres de ses pensées ? Un psychopathe flottant entre les eaux insondables de la folie et le lagon bleu de la servitude humaine ? Si seulement j'étais quelque chose comme ça... Au moins, je serais sur d'être quelque chose, et pas simplement le « moi » trop vague pour me convenir.

C'est l'hiver, la nuit perpétuelle est le terreau des innombrables questionnements qui hantent mon esprit confus, le vent glacé la chaine qui m'arnache à une terre que je veux quitter. La mort serait trop facile, je ne veux pas d'un néant salvateur qui ferait cesser ma torture par une désintégration pure et simple de mon esprit.

Non, je veux une vie dans les nuages, isolé du monde. Je veux vivre en ermite, être confronté à ma seule personne, pour pouvoir enfin découvrir qui est l'homme que je contemple dans le miroir.
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MessageSujet: Re: Idées Noires.   Idées Noires. I_icon_minitime12/20/2009, 00:24

Traité Décousu sur l'Humanité.

C'est effrayant de voir à quel point l'homme souffre. Et aussi très amusant.

Tout d'abord, parce qu'il le mérite. En naissant, vous commettez déjà un crime atroce, pour lequel vous serez exécuté des années plus tard. Si la vie est un cadeau, pourquoi viendrait-on le reprendre ? Parce que vous êtes vieux, sale, dégénéré et probablement légumineux. Après le don de la vie, le don de la mort.

Si je vois le mal partout, c'est bien parce que des énergumènes s'évertuent à voir le bien partout.

Déprimant.

Douce, douce délivrance. L'humain voit le jour difforme, souillé de matrice sanguinolente et hurlant de douleur. Une larve répugnante, que seul l'instinct maternel protège de la défenestration. Si un homme vous dit un jour aimer les enfants, c'est un hypocrite. Ou une femme.

Et puis on vieillit. On atteint le point culminant à la trentaine, en fier mâle conquérant, le torse bombé, le poil luisant et fort de son éducation fastidieuse. Si vous êtes une femme, transposez au féminin, et remplacez « poil luisant » par « poitrine provocante ».

La régression suivant en général assez vite, le torse s'affaisse, le poil devient terne et la poitrine flasque. Les singes vieillissent mal. Remarquez, ils peuvent vieillir, au moins.

Enfin bref, passons sur la caricature d'existence que j'appose là, et attardons-nous un instant sur la souffrance humaine.

En premier lieu, la souffrance physique. Il y a des tas de moyens de se mutiler et de mutiler son voisin, les livres d'histoires en sont gavés jusqu'à la nausée. Un coup dans les parties, un chevalet, une chambre à gaz...

Des tas, vous dis-je. Mais l'homme étant doté d'un cerveau beaucoup trop grand pour l'usage simiesque qu'il en fait, on ne peut qu'imaginer les divers moyens de blesser un homme, de le briser, de le détruire... Le dictionnaire de la douleur est plus fourni que celui de la médecine.

L'homme souffre de la taille de son crane, du volume d'émotions qui enfle jusqu'à faire exploser la raison du pauvre hère tourmenté. Avec ce don de raison vient le fardeau du questionnement. Qui ? Quoi ? Quand ?

Boum ! De la cervelle fraîche et des pensées fugaces un peu partout sur les murs capitonnés de l'asile le plus proche.

Bang ! La balle de l'incertitude ricoche à l'intérieur de votre tête, déchirant les fragiles tissus de réponses maladroites que vous peinez à coudre.

Blam ! Votre conscience se suicide au napalm, l'explosion vous conduit à l'internement et le feu brule pendant des années encore.

Loin de mon grief personnel contre l'humanité et tout ses représentants, je blâme avant tout un dieu aux dons approximatifs, une nature aux merveilles douteuses. Quand on voit le travail de sagouin opéré sur l'être humain, on ne peut que penser que le créateur a une dent contre Adam, ou est simplement incompétent.

Si demain matin, j'attire la foudre, je clamerai haut et fort que Dieu existe. Sinon, il restera pour moi l'éternel gros barbu qui se fend la poire devant sa création hasardeuse, née d'une soirée de beuverie avec le Père Noël et Godzilla.

( Pourquoi pas, hein. Je ne suis encore jamais allé au Paradis voir comment ça se passe. )

Finirai-je comme Don Juan, qui attiré le courroux des cieux au point d'être puni par le Seigneur et envoyé en Enfer pour ses pêchés ? Je vais me coucher, et je vous dis ça demain, d'accord ?
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MessageSujet: Re: Idées Noires.   Idées Noires. I_icon_minitime12/20/2009, 00:25

Le Divin, sa Vie, son Œuvre.

BANG ! Un univers se crée à partir du néant.

Stop ! On est déjà dans la science-fiction. Si on traite ce genre d'absurdité comme un théorie scientifique, autant dire que nous sommes nés d'une flatulence divine, ou quelque chose d'aussi stupide.

Dans l'univers, tout ce qui a pu arriver est arrivé, et tout ce qui pourra arriver arrivera. Je sais, c'est compliqué, mais hautement métaphysique. En gros, la théorie du Big Bang n'est pas plus vérifiable ni plausible que celle de l'éternuement de la poule mauve à trois têtes, ou celle du vieux barbu blanc ( Restons sur terre... ) qui s'ennuie dans son néant.

Pauvre Dieu. Vous n'imaginez pas à quel point cela doit être barbant de passer une éternité tout seul, et une autre à regarder son bocal de poissons rouges. Rien à voir, rien à sentir, rien à écouter... Le Dieu né du vide n'a donc pas d'yeux, pas de nez, pas d'oreilles. En fait, pas de jambes, pas de bras... Rien.

Si le néant n'est rien, n'est-il pas logique que son enfant soit vide aussi ? Dieu a crée l'homme a son image. Alors, nous sommes vide aussi ? Et l'être que nous voyons dans le miroir, est-ce notre père le néant ? Mais puisqu'on y voit un homme, le néant serait un homme ? Question d'illogique.
Comment créer une odeur, si on a passé l'éternité à nager dans le néant, si jamais rien n'est venu chatouiller des narines inexistantes ? L'incohérence est le fondement de toute religion.

Quel foutoir mes enfants, quel foutoir. La religion est égale à la science, dans l'optique ou ses membres se battent pour savoir quelle théorie est la moins incohérente. On nage dans le flou total, à tant vouloir différencier un singe à deux pattes d'un singe à quatre pattes.

Alors, que croire ? Je me le demande.

L'humanité ? Je crois m'être suffisamment exprimé sur le sujet.. Animaux dégénérés, singes décérébrés, et caetera, ma philosophie est déconcertante de simplicité et de redondance. Pourquoi noircir des pages entières de banalités si mon point de vue est aussi simpliste...

Bref. Qu'en est-il du divin ? Dans un premier cas, il n'est qu'une création humaine, destinée à apaiser ses doutes sur des trivialités comme la mort, l'univers et autres broutilles. Donc, n'existe que par cette croyance maladroite, représentante d'une peur exacerbée de l'après ? Pire qu'une bande de singes, une idée née d'un délire simiesque. Risible.

Mais si le divin était à l'origine de tout ? Possible. Pas plus idiot qu'une explosion de matière gargantuesque. Les deux théories sont faites du même charabia ésotérique, juste pour faire joli.

C'est comme ça, et puis c'est tout. Fascinant. Les hommes ne comprennent même pas un concept de leur invention, je trouve ça comique.

En tout cas, je ne peux que saluer le génie dont ont fait preuve les théologiens pour développer des religions aussi riches. Des mythes à foison, un bestiaire fantastique, des héros... Héroïques ? Une profusion d'imaginaire, une explosion mythologique fascinante de variété.

En résumé, le divin, quelle que soit son origine et son continent, s'est contenté de lancer une idée, exploitée jusqu'à la moelle par ses adorateurs fanatiques. Je mets les pieds sous la table et j'attends quelques millénaires pour voir comment ça avance en bas.

Toute religion est née de délires maladifs, d'illuminations avinées et de révélations approximatives. Laissez reposer pendant un millénaire ou deux, avec une bonne dose de colportage oral, et vous obtenez un fondement de l'équilibre mondial.

Quel bordel mes enfants, quel bordel... Commencez par croire en vous, et si la tâche ne vous rebute pas trop, trouvez-vous un dieu pour occuper vos dimanches. N'importe lequel, ce sont à peu près tous les mêmes.
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