| | A quatre mains | |
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+3Shia Plume Eternelle Haedrich 7 participants | Auteur | Message |
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Haedrich Administrateur
Nombre de messages : 1985 Age : 39 Localisation : Mâcon (71) Date d'inscription : 11/08/2009
| Sujet: A quatre mains 10/12/2013, 18:11 | |
| Bonsoir, chers membres. Dans le cadre de notre atelier d'écriture où l'on travaille en s'amusant, et où, par conséquent, on s'amuse en travaillant - et que vous suivez assidûment, bande de petits fripons- je vous propose un nouveau type d'exercice qui, à défaut d'être vraiment original n'en est pas moins amusant et intéressant : l'écriture à quatre mains. Le principe est simple: deux auteurs, une oeuvre. Tout comme les auteurs de polar Boileau et Narcejac, unissez vos talents pour écrire une nouvelle.
Les règles sont simples: si vous voulez participer au défi, contactez un membre par MP et proposez-lui d'être votre binôme. A deux, écrivez une nouvelle (thème totalement libre) et postez-la ici. Un délai minimum d'un mois entre la formation du duo et le postage du texte me paraît raisonnable. Nous n'hésiterons pas à vous faire savoir ce que nous en pensons, et en plus, ça vous fera progresser. Elle est pas belle, la vie? | |
| | | Plume Eternelle Pilier du forum
Nombre de messages : 16 Age : 29 Localisation : Joliette, Québec Date d'inscription : 11/10/2013
| Sujet: Re: A quatre mains 10/12/2013, 18:34 | |
| S'il y en a qui sont volontaires, moi, je suis prenante de l'idée !!!
Vous n'avez qu'à me contacter par MP, Je fais surtout du fantasy, fantastique et psychologique, ça pourrait être intéressant à deux !! | |
| | | Shia Modérateur
Nombre de messages : 3074 Age : 26 Localisation : Ile du Destin ~ Destiny Island Date d'inscription : 21/02/2011
| Sujet: Re: A quatre mains 10/12/2013, 19:21 | |
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| | | Ohiro Modérateur
Nombre de messages : 661 Age : 34 Date d'inscription : 06/10/2011
| Sujet: Re: A quatre mains 10/12/2013, 20:53 | |
| Partant aussi, n'hésitez pas à vous signaler. Et j'écris des... des trucs ._.
Dernière édition par Ohiro le 10/12/2013, 22:01, édité 1 fois | |
| | | Haedrich Administrateur
Nombre de messages : 1985 Age : 39 Localisation : Mâcon (71) Date d'inscription : 11/08/2009
| Sujet: Re: A quatre mains 10/13/2013, 22:05 | |
| Rappel de la liste des participants:
Ekxe Haedrich Le manant des prairies Margogotte Ohiro Plume Eternelle Shewb Shia
Duos officiellement déclarés: Ohiro/Margogotte Shia/Shewb Ekxe/Haedrich | |
| | | Haedrich Administrateur
Nombre de messages : 1985 Age : 39 Localisation : Mâcon (71) Date d'inscription : 11/08/2009
| Sujet: Re: A quatre mains 10/16/2013, 22:26 | |
| Liste mise à jour! N'hésitez pas à participer! | |
| | | Ekxe Copiste
Nombre de messages : 91 Age : 27 Date d'inscription : 29/08/2013
| Sujet: Re: A quatre mains 10/17/2013, 15:42 | |
| Owi, owi, nous sommes ensemble ! \O/ Vivement qu'on s'y mette petit Haed ! ♥ | |
| | | Haedrich Administrateur
Nombre de messages : 1985 Age : 39 Localisation : Mâcon (71) Date d'inscription : 11/08/2009
| Sujet: Re: A quatre mains 10/17/2013, 16:30 | |
| La liste est mise à jour. Pour les participants, n'hésitez pas à nous tenir au courant de l'avancée de vos travaux. Pour les autres, n'hésitez pas à participer ;D | |
| | | Shewb Ecrivain en herbe
Nombre de messages : 346 Age : 35 Localisation : En orbite. Et j'ai pas fini de tourner Date d'inscription : 09/11/2012
| Sujet: Re: A quatre mains 11/9/2013, 15:20 | |
| Coucou !
Petit message pour vous informer qu'avec Shia, notre texte suit son rythme : 1pas en avant… 2 pas en arrière ♫♪♫…
Et vos textes, ils avancent bien ?
Ceci était un message subliminale pour rappeler à continuer les textes ou à les commencer pour ceux qui auraient totalement oubliés
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| | | Kilrak Ecrivain en herbe
Nombre de messages : 285 Age : 30 Localisation : Dans ton cul! Date d'inscription : 20/11/2010
| Sujet: Re: A quatre mains 11/9/2013, 16:16 | |
| Je suis dispo aussi J'écris de tout, avec tout de même une préférence pour la fantasy. J'accorde une importance à la profondeur des personnages Donc si des gens de la liste sont intéressés, viendez avec moi | |
| | | Shia Modérateur
Nombre de messages : 3074 Age : 26 Localisation : Ile du Destin ~ Destiny Island Date d'inscription : 21/02/2011
| Sujet: Re: A quatre mains 2/26/2014, 22:56 | |
| *musique d'intro* Tintin ! Tintintin tintintin tintintiiiiiin ! Oyez, oyez braves gens ! Shewby et moi avons estimé avoir assez écrit pour vous poster notre nouvelle. Bonne lecture ! Comme il y a un petit volume, je suis obligée de poster ça en deux parties. - Spoiler:
Dans le silence glacial de l'espace, un vaisseau glissait dans le vide intersidéral. Eclairé par de lointaines étoiles, sa forme effilée criblée d'impacts se laissait deviner. C'est calmement qu'il se rapprocha d'un astre lumineux pour profiter de son attraction et ainsi changer de direction. À son bord, on trouvait un équipage quelque peu... Particulier. Il s'agissait en effet de l'équipe des Livreurs de bébé Intergalactiques de l'entreprise BB&Désir, qui n'était pas dans son meilleur jour. Leur dernière mission, qui était en plus la plus importante qu'on leur ait jamais confiée, s'était très, très mal finie. Enfin, mal finie… Cela dépendait du point de vue. Les concernant, la mission était correctement effectuée. Les trente-sept enfants avaient été livrés à destination. Cependant un client particulièrement réticent s'était plaint de son colis. Selon ces dires, le bébé était pourvu de caractéristiques préjudiciables. Il était vrai que la trisomie, qui se traitait très bien depuis plus d'une centaine de siècles, pouvait révéler ponctuellement certains… désagréments. Mais était-ce une raison pour en faire tout un plat ? De même concernant la cécité quasi-totale de l'enfant. De belles prothèses existaient de nos jours, qui lui donnait une vue parfaite, on pouvait même lui donner une vue meilleure que la moyenne grâce à ce moyen, si on avait l'argent pour... l'armée s'en servait d'ailleurs pour que ses soldats soient les plus performants possibles. Mais non. Comme le client était la famille royale, il avait fallu que cela prenne des proportions exagérées ! Ils avaient reconnu leur erreur. L'enfant livré n'était pas le bon. Mais bon, un bébé est un bébé. Deux pieds, deux bras, une tête, un cerveau. Pas de membres extravagants comme ces hippies de Jupiter, qui ont chacun six bras et trois têtes ! Néanmoins, était-ce une raison pour les faire traquer par la moitié des troupes de l'empire ? Il semblerait que oui, étant donné que cela avait été la réaction du client. Mais l'équipage ne comptait pas se laisser faire.
- N'importe quoi ces bourges, répétait sans cesse la pilote, Anushka. Toujours dans l'extravagance et la démesure. Quelle bande de m'as-tu-vu !
- En attendant, on est mal barrés... Et le SAV qui veut pas s'en occuper. C'est leur rôle, bordel ! Et du coup, on fait quoi ? On a la moitié des troupes de l'Empire aux trousses..., soupira Antonio.
Jean-Claude n'était pas inquiet lui. Ce terrible mercenaire d'une quarantaine d'années espérait vite voir arriver les troupes, et leur mettre la pâté ! Son heure de gloire approchait ! Il faisait tournoyer son épée avec entrain, comme toujours. À côté, Rambo le robot était en pleine discussion avec une plante verte :
- Ah, si seulement tu avais don de parole ! Je suis certain que vous, les plantes, vous auriez énormément à nous app... Jean-Claude ! Quelle horreur ! Ne peux-tu pas te retenir, être infâme que tu es ? Que t'as donc fait cette pauvre plante, adorable de par son ouverture à mes mots ?
Le mercenaire venait de décapiter la plante. Il se défendit en expliquant qu'elle l'avait regardé de travers. Et il détestait qu'on le regarde de travers. Jean-Claude détestait la moindre remarque, qu'elle fut verbale ou physique. Quiconque lui en faisait une risquait très fortement de se prendre un coup d'épée. En attendant, le drone n'était pas ravi que sa discussion, hautement importante et philosophique, ait été interrompue de la sorte. Il se referma alors dans un silence pensif. La plante au moins, elle, l'avait écouté et, il en était certain, compris, ce qui n'avait jamais été possible et ne le serait jamais avec les énergumènes qui l'accompagnaient !
Dans la rage qui le tourmentait sans répit, Jean-Claude alla s'enquérir de leur destination auprès du poste de contrôle, laissant l'autre seul avec la plante récemment décédée. Alors qu'il s'approchait des deux occupants de la salle et des multiples touches, boutons et interrupteurs qui composaient cette salle, il se fit rejeter à grands cris par Anuska, qui l'avait entendu venir :
- Non ! Tu sors. Et ce n'est pas la peine d'argumenter. Si on peut appeler ce que tu comptes proférer une argumentation. Néanmoins, le fait déjà que tu essaies d'argumenter est un énorme effort de ta part, et ça ne peut qu'aider ton petit cerveau à tenter une sorte de développement qui te ferait peut-être dépasser le stade d'homme des cavernes où tu es malencontreusement resté.
Restant sur le pas de la porte, abasourdi, Jean-Claude réfléchissait aussi vite qu'il le pouvait à la réplique qui pourrait faire taire Anushka, mais il peinait à la trouver. Antonio se leva pour dissiper la tension qui n'allait pas tarder à apparaître. Il savait que Jean-Claude se sentait mieux en agissant qu'en parlant, et il ne tarderait pas à agir, certainement pas de la manière la plus appropriée, surtout dans la cabine de pilotage, qui n'était pas un lieu pour ceux qui sortent leur épée à la moindre occasion.
- Allez Jean-Claude, viens avec moi, on va se faire un petit café.
Alors qu'il passait derrière la pilote de l'appareil, il trébucha sur l'un des pieds de la chaise. Se rattrapant au dossier du siège, il entraîna dans sa chuta Anuska qui, aussitôt à terre, s'énerva : « Tu sors aussi ! Tout de suite ! Mais quelle idée d'avoir autorisé cette mission avec un tel équipage ! Entre le droïde de combat qui passe son temps à philosopher et le mécano qui casse plus qu'il ne répare, je ne sais pas ce qui est pire ! Peut-être le mercenaire, qui au lieu de nous protéger efficacement veut lancer la "IXème grande extermination de l'humanité" !, termina-t-elle en lançant un regard noir à la chaise qu'elle prenait pour Jean-Claude.
Antonio s'empressa d'aider la responsable de la mission tout en se confondant en excuses. Malgré cela il réussit quand même à prendre deux baffes sous les protestations de la vieille femme qui s'obstinait à se débrouiller seule en dépit du fait qu'elle ne voyait pas grand-chose. Heureusement, lorsque le siège du pilote n'était plus occupé, le vaisseau passait tout seul en pilote automatique, et le radar permettait d'éviter les obstacles. Ainsi, Anushka ne s'inquiétait pas trop, malgré sa quasi-cécité. De toute façon, elle ne s'inquiétait jamais. C'était bien ce que lui reprochait Antonio. Ils auraient pu se diriger droit vers un astéroïde qu'elle n'aurait pas bronché ! Simplement esquivé au dernier moment. Pas génial pour qui avait le mal de l'espace quand ça bougeait trop... Et c'était le cas du mécanicien. Il aurait de loin préféré se contenter de réparer des véhicules terrestres, mais le chômage l'avait poussé à se diriger vers ces gros engins qui se baladaient entre les galaxies. En plus, il n'était pas très doué pour réparer ces grosses machines... Doublé d'un côté maladroit, la pilote avait raison en disant qu'il cassait plus qu'il ne réparait. Il tendit une tasse de café au quadragénaire, qui la prit en le remerciant mollement, pendant qu'il se servait son sempiternel thé noir aux herbes rares de Turkyland, arrosée d'une dose de citron. Il raffolait du citron. Tenant sa tasse qui contenait le liquide brûlant, il s'appuia sur le plan de travail et essaya d'amener Jean-Claude sur un autre sujet de manière à ce qu'il ne veuille pas tout détruire. Mais faire le psy n'était pas donné à tout le monde. Ajoutant un sucre au miel dans son breuvage, saisissant une cuillère entre deux doigts, il mélangea sa mixtion et s'assit face au mercenaire.
- Tu disais qu'à l'origine c'était la faute du réacteur n°2 ? Peux -tu développer un peu ton animosité envers cette pièce purement mécanique et non consciente qui ne veux en aucun cas. Et j'insiste sur ce point. En aucun cas ne veux te nuire. Cette machine n'a aucune conscience et fait seulement son travail.
- C'est juste qu'il fait trop de bruit. Il m'empêche de dormir. À chaque fois que je vais me reposer, je m'allonge sur mon lit, je ferme les yeux. Et bim ! Pile quand je vais dormir, il se met à faire du bruit.
- Bien, bien. Tu es sûr que tu ne l'entends pas avant d'être dans ton lit ?, demanda-t-il au mercenaire, inisistant sur le mot "avant".
Tout en sirotant son thé du bout des lèvres, il observait Jean-Claude par-dessus la tasse, attendant sa réaction.
- Certain ! Je ne suis pas fou quand même.
Le mécano soupira. Pas fou, pas fou... Il en doutait. Le mercenaire était un véritable danger public. Il avait toujours son arme sur lui, et gare à celui qui osait ne serait-ce que lui jeter un regard ne lui convenant pas. Du coup, quand il y avait des mômes à transporter, fallait vraiment faire attention. Les autres membres de l'équipage s'arrangeaient pour le tenir à l'écart... Enfin, surtout Antonio, vu qu'Anushka conduisait et que Rambo raisonnait sur tout et rien. Ils formaient une belle équipe de bras cassés ! Il s'apprêtait à prendre une gorgée de son thé lorsque le vaisseau tangua brusquement. Le liquide foncé brûlant se renversa sur le T-shirt de l'adolescent.
- Mais qu'est-ce qu'elle fiche encore ! Elle sait vraiment pas conduire ! Quelle idée aussi, une pilote à moitié aveugle !, beugla-t-il alors que le liquide bouillant lui brûlait le torse et lui faisait monter les larmes aux yeux.
Rambo arriva. Il paraissait assez inquiet. Apparemment, ils étaient attaqués par les troupes de l'empereur ! Ils avaient réussi à mettre la main sur eux... Sans aucune doute, celui-ci rêvait de les exterminer pour leur avoir livré un enfant trisomique. Il allait falloir se défendre, expliquer qu'on cherchait une solution, que ce n'était pas facile... Parler, parler. Pas facile avec un robot philosophe, une vieille qui défiait n'importe quelle autorité et un mercenaire intenable ! Et lui, parler... C'était pas vraiment son truc non plus. Il était assez timide, et pas doué en public. Surtout là, dans une situation critique, il allait dire tout ça n'importe comment. Et si ce qu'il disait était mal interprété, ça n'irait pas du tout. Son but n'était pas vraiment de se battre, surtout pas avec les troupes impériales. Leur force était reconnue dans une bonne dizaine de galaxies alentours ! Se les mettre à dos était une très mauvaise idée... Mais ça, c'était déjà le cas. Il se précipita vers la cabine de pilotage.
- Ces imbéciles ! Foncer comme ça dans un vaisseau, ils sont timbrés ! J'espère qu'ils ont rien abîmé ! Oh, ça va chauffer !, pestait Anushka en agitant le poing debout devant le tableau de commandes.
Son siège, qui était par terre, avait été renversé à cause du choc. Le jeune homme tenta de la calmer, mais elle était très remontée. ça allait être difficile de la tenir à l'écart des pourparlers. Il n'avait pas envie de devoir utiliser la force contre elle, surtout que si ça tournait au vinaigre, il savait qu'elle pourrait les tirer d'affaires... Malgré sa cécité, leurs accidents de vol étaient rares, grâce au GPS qui repérait tous les obstacles et, peut-être, dans une moindre mesure, à sa longue expérience dans ce domaine. Il espérait que ça leur permettrait de s'en sortir, en dernier recours.
L'écran du tableau de bord s'alluma. Un homme, qui devait avoir la trentaine, apparut à l'écran. Il avait de courts cheveux noirs, et une fine moustache. Ce détail fit tiquer Antonio. Il rêvait d'avoir une moustache. Mais ça ne poussait pas, comme s'il était destiné à rester un malheureux imberbe. Il essaya d'oublier ça, malgré que ça ait de suite influencé son opinion sur le commandant du vaisseau ennemi.
- Sur les ordres de l'Empereur, nous avons le devoir d'arrêter votre vaisseau, et de vous conduire à son palais pour que vous y soyez jugés. Si vous tentez de résister, nous pourrons vous abattre et tirerons sans sommation.
- Nous souhaitons discuter avec vous.
- On ne discute pas les ordres de l'Empereur sa Majesté Kolageaine XVI.
- Mais...
- Vous nous suivez, ou nous vous exterminons. Nous vous expliquerons les détails plus tard.
L'écran devint noir. Quoi ? Il ne voulait même pas leur laisser une chance de se rattraper ! Cet empereur... Quelle enflure. Pourri jusqu'à la moelle.
Tous attablés dans la salle de contrôle, ils virent deux astéroïdes exploser au loin en une myriade de petits cailloux. L'empire assurait une démonstration de sa puissance en annihilant ces rochers volants qui ne représentaient aucun risque pour les deux vaisseaux vu la distance à laquelle ils se trouvaient. - Tsss, toujours dans le grandiloquent. Comme si on avait besoin de ça pour comprendre qu'ils sont les plus forts. C'est bon, on a compris, on est pas idiot ! On sait très bien qu'on est en face de la plus grande puissance de l'univers.
- Ah non. On ne se rend pas ! Seule la garde se rend. Moi je meurs ! Je ne pactiserai jamais avec l'ennemi.
- Tatata ! Tu vas faire ce qu'on te dis. Ou alors tu passeras l'arme à gauche tout seul !, affirma Anushka.
- Ne pouvons-nous pas voir en cette infinité de débris notre problème qui présente lui aussi une infinité de solutions ?, objecta Rambo, plongé comme toujours dans des pensées philosophiques très profondes.
Alors que le groupe tergiversait pour savoir s'il fallait se battre, se rendre ou mourir, une brutale secousse les informa que le vaisseau venait de se faire arrimer. Sans prévenir, le mercenaire sorti d'un bond de la cabine pour se précipiter vers la sainte barde alors que la stupéfaction régnait dans la salle de pilotage.
- On vient d'être abordés ?, questionna Anushka.
- J'en reviens pas. C'est la pilote qui nous demande ça. Tu ne sais même pas à quoi ressemble un accostage ?
Antonio était trop fatigué pour pouvoir s'énerver ou même s'étonner de cette découverte, aussi il avait dit ça d'un ton las et un peu agacé.
- Je propose que nous allions vers le sas d'ouverture. C'est l'endroit le plus probable où nous pourrons rencontrer nos hôtes. Car notons-le, bien que nous soyons abordés et qu'ils représentent l'empire et des tueurs à nos trousses, ils n'en restent pas moins nos invités. Il est de notre devoir d'observer une courtoisie discrète mais non négligeable envers nos futurs assassins, souligna le droïde de combat.
- Tu ne pourrais pas passer en mode de combat un jour toi !, tempêta Anushka.
Pendant qu'une partie de l'équipage dissertait sur la manière d'accueillir leurs invités, ces derniers ne les attendirent pas, comme ils auraient dû le faire par politesse, mais la politesse n'est pas tenue d'être respectée par les soldats de l'Empereur, ou en tout cas, ils n'ont pas pris l'habitude de la respecter. La porte du sas s'ouvrit laissant pénétrer trois membres des troupes de l'empire. Deux soldats masqués, vêtus d'armures blanches et l'arme aux poings suivirent leur supérieure à l'intérieur du vaisseau. Les quelques mèches bouclées de cheveux roux qui s'échappaient du casque intégral de celle-ci étaient mises en relief par la noirceur de sa combinaison. Un bruit de choc fit se retourner l'un des soldats et la jeune femme qui soupira en voyant que l'autre homme qui l'accompagnait s'était cogné la tête au haut du sas.
- Alfred, je vous ai dit je ne sais combien de fois de faire attention aux dimensions des sas. Votre grande taille n'est pas un avantage ici. Ayez au moins le réflexe de vous baisser. Vous entâchez notre crédibilité, soupira-t-elle en levant les yeux au ciel d'un air désespéré.
- Heureusement qu'il n'y a personne pour nous voir, ajouta son compagnon.
- Ah oui ! C'est surprenant. Ils pourraient au moins avoir la décence d'accueillir leur envahisseur. Où est-on sensés les retrouver maintenant ?
- Je ne connais pas ce modèle de vaisseau, se plaignit le second soldat en se relevant et en massant le haut de son casque. Maugréant contre les fabricants de vaisseaux, le trio déambula dans les couloirs à la recherche d'une âme vivante.
Après quelques minutes d'errance, ils entendirent de l'agitation. Se laissant guider par le bruit de la discorde qui s'amplifiait, ils arrivèrent dans la cabine de pilotage où ils restèrent abasourdi. Anushka fulminait contre le mécano, lui lançant quelques objets dessus, pendant que ce dernier tripotait les circuits du droïde qui ratiocinait sur l'utilité des cafetières dans l'espace. Du haut de son mètre cinquante, Éleonor tenta de faire remarquer la prise de contrôle du bâtiment :
- Euh… Rendez-vous. Nous avons envahi votre navire. Devant l'indifférence totale, elle insista : Mettez-les en joue. Je le répète une seconde et dernière fois, rendez-vous ! Mettez-vous à genoux, les mains sur la nuque ou nous ferons usage de la force.
- Ta gueule ! Tu ne vois pas qu'on est occupés à réparer ce stupide droïde ? Une fois qu'il sera enfin en mode guerrier il pourra vous botter les fesses. En attendant, vous pouvez allez prendre un café dans la cuisine, riposta la pilote. Le café est sur la troisième étagère au-dessus de la cafetière, choisissez votre parfum préféré, prenez autant de sucre que vous en voulez, mais laissez-nous mettre ce truc en mode combat !
- Faites attention avec la cafetière, souligna Antonio, levant le nez du poitrail de Rambo. Si vous la fermez mal, elle envoie de l'eau bouillante partout dans la salle. Je n'ai pas encore pu régler ce problème.
- Dis plutôt que tu as failli faire exploser les moteurs en voulant réparer la cafetière !, ronchonna Anushka. Mécanicien en mousse !
- C'est de ma faute si le concepteur de ce rafiot volant fait placer les câbles d'alimentations en oxygène liquide juste derrière la cafetière ? Je sais vraiment pas comment il fait pour être si bête, même moi j'aurai pas fait ça et pourtant les vaisseaux c'est pas mon rayon.
- …
Éléonor était médusée. Que son autorité soit bafouée de la sorte ! C'était la première fois de toute l'histoire de l'empire qu'un équipage les ridiculisait de cette manière. Elle retenait son énervement. Il n'était pas bon qu'une capitaine s'énerve devant ses hommes et encore plus vis-à-vis de prisonniers. N'empêche que c'était bien la première fois qu'on osait s'opposer à une personne envoyée par l'empereur lui-même.
- Menottez-les tout de suite, tonna-t-elle en tentant de conserver son sang-froid.
Les deux hommes s'exécutèrent et, dans le cockpit exigu, eurent toutes les difficultés du monde à maîtriser les deux humains qui se débattaient. Face à l'impossibilité de dominer le trio, elle céda :
- Stooooop !, hurla-t-elle. Nous allons tous aller dans une pièce plus grande pour discuter calmement, je crois que c'est une bonne idée, non ?
Alors que son asthme refaisait surface, elle manqua de s'étouffer. Elle enleva rapidement son casque, ce qui libéra une cascade de bouclettes rousses dont il était surprenant qu'elles puissent toutes tenir sous le casque. Alfred lui tendit alors son inhalateur pour qu'elle retrouve une respiration normale, pendant que les deux membres d'équipage élisait la salle qui allait les accueillir.
- La cuisine ?, proposa subitement Antonio qui rêvait de se faire un thé, le dernier ayant inondé son t-shirt. C'est l'une des pièces les plus confortables du vaisseau.
- D'accord, concéda Anushka. Mais vous ne nous empêcherez pas de réparer cette andouille de cyborg, ajouta-t-elle en fusillant les soldats du regard, ou du moins ce qu'elle croyait être les soldats mais qui n'était que la porte permettant d'accéder aux moteurs.
Éléonor était assez agacée. Ces gens ne lui plaisaient vraiment pas. Ils se dirigèrent vers la cuisine en silence... Antonio se demandait où était passé le mercenaire, et Anushka traînait Rambo dans un bruit de ferraille assez désagréable. Une fois que tout le monde fut rentré dans la pièce, Alphonse, l'autre soldat, referma la porte. Le mécano demanda qui voulait un café tout en s'approchant de la fameuse cafetière. Désarçonnés, les soldats répondirent par l'affirmative avant que leur supérieure ne leur assène une tape à l'arrière de leur casque.
- Nous ne sommes pas là pour ça. Nous avons à parler, et rien d'autre, avertit la soldate.
- Avouez qu'il est bien plus sympathique de parler en buvant quelque chose...
À regrets Éléonor hocha discrètement la tête. Fermant les yeux quelques instants, elle mit de l'ordre dans ses pensées et se calma pour commencer le procès de l'équipage dans des conditions optimales. Enfin, pour leur expliquer quelques détails, le vrai procès étant prévu devant l'empereur, qui s'en faisait une grande joie et dépensait des sommes faramineuses, comme à son habitude.
- Commençons. Vous êtes coupables de traîtrise en ayant laissé à l'empereur Kolageaine XVI et à sa femme l'impératrice Marjolaine un déchet humain. Ce simple acte vous vaut …
- Attendez un peu, s'insurgea Anushka. Depuis quand ceux atteints par cette maladie sont des déchets ?
- Depuis le deux-cent-quatre-vingt-septième jour de la mille-huit-cent-cinquante-sixième année de l'ère nouvelle, répliqua instantanément Alfred, fier de lui. Il n'est donc pas questions qu'une de ces... choses, vivent avec quelqu'un d'aussi important que l'empereur...
- Mais… On n'a pas livré le bébé la veille, le 286-1856 ?, s'étonna Antonio tirant négligemment sur un câble rouge du corps de Rambo.
- Tout à fait, mais l'Empereur a décrété que cette loi serait rétroactive, voyons, vous ne pensiez quand même pas qu'il se laisserait avoir par cela, dans sa grande intelligence, dit Alfred qui savoura sa réplique en voyant la tête des autres.
- Espèce de …
Alors qu'Anushka se levait de son siège pour frapper le soldat, son coude heurta rudement les côtes d'Antonio qui tomba de son siège. Sa main, tenant toujours le câble, tira violemment dessus. Cela déclencha le pistolet laser intégré dans le bras du droïde. Plusieurs rayons s'écrasèrent sur les murs. Très rapidement, tout le monde se retrouva sous la table, lieu hors de portée du robot en furie. Une fois les tirs finis, le canon encore chaud et la cuisine redécorée aux impacts de laser, les soldats, de nouveau sur pieds, sortirent leur propres armes et tinrent en joue les deux membres d'équipages. Antonio se cacha derrière Rambo, le bras toujours dans sa poitrine :
- Attention je peux encore déclencher des tirs accidentellement !, clama-t-il. Puis discrètement, il ajouta : Il suffit juste que je retrouve le bon câble…
- Quoi ? Que se passe-t-il ?, questionna Anushka à l'adresse du mécanicien, qui l'avait tirée sous la table, sur laquelle elle venait de se cogner la tête.
- Mais rien. Nous voulons simplement énoncer les charges qui sont retenues contre vous avant de vous amener à l'empereur qui…, tenta d'expliquer Alphonse.
- Ils nous visent de leur armes, cria Antonio en interrompant Anushka.
Les soldats demandèrent à être suivis tranquillement. Ainsi, ils n'auraient pas à faire usage de la force.
- Mais puisque je vous dis que nous souhaitons régler le problème en retrouvant un bébé sans problèmes de santé à livrer !, tonna Antonio.
Ils ne voulaient rien entendre, leur seul but était de suivre les ordres de l'Empereur. Il faut dire que celui-ci détestait qu'on lui désobéisse, même si c'était parce qu'on pensait avoir une bonne idée, ou faire quelque chose d'utile. Il fallait l'en informer avant, et s'il trouvait cela intéressant, il se l'appropriait. Aucun espoir de reconnaissance pour celui qui y avait pensé en premier. Tout le mérite revenait au souverain. Il était bien plus tyrannique que ce qu'on en disait ! Mais les gens aiment à se voiler la face comme toujours. Le mécanicien tentait désespérément de retrouver le bon câble. Mais impossible, dans tout ce bordel... Il devait au moins y en avoir une centaine ! Des rouges, des bleus, des verts, des jaunes, des violets, des orange... À se croire à la Gay Pride. L'italien soupira. Avec la chance qu'ils avaient, il ne remettrait pas la main sur ce câble !
Alors qu'ils ne s'y attendaient plus, Éléonor demanda leur capture. Ils ne voulaient décidément pas coopérer, alors... Avant d'avoir pu comprendre, ils avaient été menottés de manière experte par les jumeaux. La soldate ramassa le robot, et le traîna derrière elle, tandis que les soldats faisaient avancer les prisonniers qu'ils tenaient en joue. Ils se rendirent ainsi dans le vaisseau ennemi, où ils retrouvèrent l'homme à la moustache...
Ça faisait plus d'une heure que Jean-Claude attendait de sauter sur l'ennemi. Il s'était mis derrière une porte pour les prendre en embuscade. Mais ils n'étaient toujours pas venus ! Comme il commençait à trouver l'attente longue, il sortit de sa cachette, et se rendit dans la cuisine.
- Diantre ! Mais que s'est-il donc passé ici ? Mes amis auraient-ils été attaqués ?
Il essayait de garder contenance. Mais il se sentait un peu bête pour le coup. Bien sûr qu'ils s'étaient faits attaquer ! Et visiblement, ils avaient perdus. L'autre vaisseau était toujours amarré au leur. Ils s'y trouvaient s'en doute. Le mercenaire grogna de rage et serra les poings. Il allait les sauver ! Il allait massacrer tous les soldats de l'Empereur, et ils s'enfuiraient ensuite tout les quatre, loin, très loin ! Il marchait vers le passage entre les deux navires de l'espace, s'imaginant déjà une fuite épique qui les mènerait dans une galaxie inconnue, où ils visiteraient de nouvelles planètes, peut-être même une où ils s'installeraient. Non ! Mieux encore, ils les conquerraient ! Oui. Jean-Claude appréciait fortement cette vision. Il soumettrait les peuples qui se mettrait sur son chemin... Enfin, il serait reconnu comme un mercenaire méritant. Fini le ridicule ! Adieu les moqueries ! Plus jamais une plante verte n'oserait le regarder de travers. Plus jamais ! Son nom, enfin, serait respecté. On l'appellerait "Jean-Claude Le Grand", malgré son mètre cinquante. Il en souriait d'avance. Puis il repris un air sérieux.
En effet, pour l'instant il fallait rejoindre le vaisseau ennemi. Ce n'était pas compliqué : leur navire ne possédait, tant pour les marchandises que pour l'équipage, qu'un seul et unique sas. Sas situé au bout d'un couloir blanc… Mais lequel ? Tous les couloirs étaient blancs. Et pas un seul panneau n'était là pour pouvoir l'orienter. Jean-Claude avait bien insisté sur ce point : il ne fallait en aucun cas pouvoir faciliter la progression de l'ennemi au sein de leur vaisseau. Ce manque d'information ne semblait pas les avoir gênés. Alors que lui… Bien que ne l'ayant jamais admis publiquement, Jean-Claude avait un très mauvais sens de l'orientation. Mais bon, en combat singulier, ce n'était pas le sens de l'orientation qui permettait d'accéder à la victoire. Cela prouvait bien la futilité de ce… « talent ». Énervé, le mercenaire de l'équipage se mit donc à courir dans les couloirs à la recherche de la sortie. Il fallait se presser pour ramener rapidement tout le monde à bord et enfin accomplir sa destinée prestigieuse. Au fond, il s'en voulait surtout de ne pas avoir entendu les combats qui avaient sûrement eu lieu, les cris désespérés de ses coéquipiers qui attendaient son arrivée triomphante qui signerait la défaite de l'ennemi...
Étonnamment, ce n'est que cinq minutes plus tard qu'il se trouva devant le sas. Essoufflé et en sueur, il eut toutes les difficultés du monde pour entrer dans le vaisseau de l'empire. En effet tout l'armement présent sur son dos l'empêchait de passer. Il dut se défaire de ses trois fusils d'assaut, de son lance grenade protonique ainsi que de ses deux espadons à lame électrique. Pour faciliter son transbordement, il se défit aussi de la bombe à antimatière, non sans grimacer, car il détestait se séparer de ses armes, même pour quelques secondes ! Leur poids dans son dos lui était réconfortant, indispensable.
Une fois enfin dans le vaisseau ennemi, il remit l'intégralité de son barda sur le dos avec un soupir d'aise et se mit en route pour retrouver et libérer ses compagnons en supposant que l'empire n'ait pas procédé à leur mise à mort entre-temps. Quelques minutes après être parti sur la gauche, où il était tombé sur un cul-de-sac, le mercenaire repassa dans la direction opposée en jurant à cause du temps qu'il perdait.
- Mais comment fait donc l'empire pour se retrouver dans un tel vaisseau ?, s'exclama-t-il au bout de trente minutes impériales. Et bien entendu, il n'y a pas un foutu chatdroïde dans ces couloirs. Où est donc l'équipage ? Ils ne vont pas me faire croire que l'empire a réorganisé ses forces militaires et qu'elles sont enfin optimisées ! Franchement, ça se saurait s'il n'y avait plus un seul tire-au-flanc dans l'armée. Plus de pleutres. Plus d'idiots à qui confier le nettoyage des couloirs à l'aide d'une antique brosse à dents terrienne.
Alors qu'il maugréait dans sa tirade, la première qu'il prononçait depuis longtemps, un homme en blanc était apparu face à lui, au bout du couloir et s'était tranquillement approché. Remarquant enfin la présence, Jean-Claude ajouta :
- Tu penses comme moi, toi ? On s'emmerderait sec si des fainéants comme toi n'étaient pas là à traîner dans les couloirs. Et maintenant soldat, tu vas me dire ton grade et ce que tu fous ici puisque tu n'es même pas capable de porter l'uniforme réglementaire du troufion de base. Franchement, c'est à vous désespérer de choisir l'armée et ses moins que rien. Au moins les mercenaires s'investissent dans ce qu'ils font et payent de leur personne. Ça, au moins c'est un corps de métier crédible et valeureux, ajouta-t-il pour lui même, ignorant par là même son interlocuteur.
- Je ne peux répondre à votre question étant donné que je ne suis que le robot de déminage 3615 Déclic. Les capteurs du vaisseau ont détecté la présence d'une bombe à antimatière armée d'une puissance de 1,21² GigaWatts impériaux.
Le mercenaire, les yeux comme des soucoupes, ne parvenait à détourner son regard du droïde alors que sa bouche, grande ouverte, était une invitation pour une visite gratuite à tous les organismes volants de passage dans les environs. Devant l'incompréhension de l'humain, la machine ajouta :
- Est-ce un problème d'unité qui défigure tant votre visage ? Cela est compréhensible. Les mercenaires ne sont pas tous habitués à utiliser les unités impériales. La bombe que vous transportez est d'une puissance de 2,21³¹ GigoWatts métriques. Si vous voulez bien la déposer au sol que je la rende inoffensive, à moins que vous ne préfériez la garder à la taille. Cette optique est acceptable, mais est plus contraignante pour vous.
- Et mon poing dans ta face, tu veux des baffes métriques ou des baffes impériales ?, rugit Jean-Claude qui venait de se réveiller de cette situation ahurissante.
Et sans laisser le temps au droïde de répliquer d'une manière ou d'une autre, il sortit son pisto-laser de son étui et perfora le torse de la machine d'une pression sur la détente.
- Cela ne résout pas le problème de la désactivation de la bombe… continua le robot de déminage avant que Jean-Claude ne lui détruise la tête avec la même arme, mettant ainsi un terme à l'existence de la machine.
- Nan mais oh ! Tu te prends pour quoi ? Jean-Claude se défoula sur le corps robotique inerte, achevant de le démembrer à grands coups de bottine. Tu pensais vraiment que je ne sais pas savoir si une bombe est désactivée ou non ? Quelle excuse pitoyable pour s'en emparer. Machine à deux sous !
L'esprit plus apaisé et le corps du robot proprement dépecé et éparpillé aux quatre coins du couloir, le mercenaire poursuivit sa recherche, son arme toujours à la main au cas où il y aurait d'autres robots ou des soldats à décimer sur le chemin.
Menés directement dans une cellule où ils furent tous les trois laissés à l'abandon, Antonio se rua sur Rambo pour tenter de le réactiver alors que les militaires repartaient pour annoncé leur nouveau cap : Péros, la capitale de l'Empire. Cependant les menottes et les remarques incessantes d'Anushka n'aidant pas la manœuvre il réussit tant bien que mal à réveiller le droïde.
- Où suis-je ? Qui suis-je ? Où vais-je ? Quel est mon but dans la vie ? Suis-je même en vie ? N'est-ce pas un rêve mettant en scène la vie alors que mon propre corps est lui-même mourant ? Peut-on rêver même mort ? Est-ce donc cela, l'aspect de ce qu'il y a après la vie ? Ou bien une nouvelle vie qui commence ?
- Mais fait le taire cré vingt dieu. Ou c'est moi qui m'en charge et il faudra aller se chercher un nouveau robot de combat, râla Anushka à l'un des murs de la cellule.
- Calme-toi, ce n'est que la procédure de mise en route. Il va redevenir normal bientôt, corrigea Antonio. Et il ajouta tout bas : Normal… À philosopher sur tout et n'importe quoi. Et surtout sans savoir se battre.
- Je ne vous permets pas, maître mécano. Je suis un droïde de combat tout ce qu'il y a de plus valable. Mes programmes m'autorisent à assassiner de six-cen-trente-et-une manières différentes exactement rien qu'en utilisant mon corps. De plus je vous ferais aimablement remarquer que durant ces trois dernières années ma première nature avait été désactivé par souci d’économie d'énergie. Le marchand auprès duquel vous avez acheté mon humble personne vous avait prévenu, mais à aucun moment vous n'avez voulu activer ma fonction guerrière. Chose, bien entendu, qu'il m'est impossible de réaliser de part ma propre volonté. Et comme vous avez trouvé mon manuel d'utilisation trop cher, vous avez jugé inutile de l'acheter, prétextant que vous vous débrouillerez correctement tout seuls. Ce qui n'a jamais vraiment été le cas...
- C'est quoi tout ce charabia ?, s'exclama Anushka en se retournant vers l'origine de la discussion.
- Une simple sécurité m'empêche de faire du mal volontairement à l'espèce humaine. Or il se trouve que voulant, je suppose, me réparer, maître Antonio à activer ma nature guerrière. Je suis enfin pleinement actif. J'en ai les diodes qui bourdonnent de joie. Avez vous besoin de mes capacités dans l'immédiat ?, demanda avec entrain Rambo, qui se sentait plus en forme que jamais.
- Heu… si tu pouvais nous faire sortir d'ici, ce serait déjà pas mal, répondit Antonio en désignant la porte blindée qui les séparait du couloir.
Le droïde s'approcha de l'ouverture et l'examinant déclara :
- Comme je vous l'ai laissé entendre, je ne vais pas avoir les ressources nécessaires pour ouvrir physiquement la porte. D'autant plus que ma batterie n'a pas été changé depuis trois ans. Je me vois contraint d'utiliser mon pistolet laser. Cela va être bruyant. Je vous conseille par ailleurs de vous couvrir les yeux par précaution.
Annonçant les dernières recommandations, le robot pointa son bras vers les gonds de la porte avant d'actionner son arme. Il déchargea un unique coup qui laissa un faible impact noirâtre sur sa cible avant de s'écrouler à terre.
- Oups.
- Oups ? Qu'est ce que ça veut dire ? Qu'est ce que tu veux dire ?, s'exaspéra Anushka qui leva les yeux au ciel, car elle en avait marre de fusiller du regard dans le vide - elle avait fini par remarquer que le son des voix ne provenait pas bien souvent de là où elle regardait...
- Rambo ignorait que nous avions actionné son laser dans la cuisine tout à l'heure. Ignorant cela, il a vidé ses batteries pour l'utiliser une nouvelle fois. Et maintenant il va falloir le recharger ou changer sa pile atomique. Et on a actuellement aucun moyen de le faire...
De leur côté, la capitaine et ses deux soldats étaient parvenus sur le pont de commandement où ils retrouvèrent l'homme à la moustache. Claquant les talons, le corps raide et la main sur la poitrine tel un certain empereur, elle salua l'homme :
- Avé M. Duponet.
Sarox Duponet, titillant sa moustache d'une main experte, se retourna pour examiner les arrivants :
- Alors, avez-vous réussi votre mission ?
- Les trois prisonniers sont actuellement dans la cellule B23-X7.
L'homme fut surpris, mais n'en fit rien voir. Trois. On lui avait pourtant certifié qu'ils étaient quatre. Où était l'autre ? Était-il toujours dans leur vaisseau, élaborait-il un plan ? Prenant son air sévère il fixa Éléonor dans les yeux.
- Vous auriez dû en ramener quatre.
- Ils... Ils n'étaient que trois. Pas de trace d'une quatrième personne... Souhaitez-vous que nous envoyions une troupe fouiller le vaisseau ?
- À votre avis, triple buse ! Bien sûr, et plus vite que ça, il ne doit pas nous échapper ! Nous ne commencerons pas tant que les quatre ne seront pas ici, vous avez compris ? Et vous savez très bien ce qui nous arrivera si nous tardons trop. Nous avons encore deux semaines impériales pour les envoyer à l'empereur... Et nous avons quatre-cent-trente-deux années-lumière à traverser, ce qui nous prendra une semaine impériale et demie. Il nous reste donc une demi-semaine impériale pour les avoir tous sous notre contrôle, leur expliquer en détail la situation, et les y rallier. Est-ce bien clair ?
Elle acquiesça sans un mot. Elle était honteuse, c'était la première fois qu'une cible lui échappait. Jamais encore cela ne lui était arrivé, car elle était extrêmement consciencieuse dans son travail, qui était pour elle une fierté. Elle sortit de la salle et se força à reprendre contenance avant d'aller donner les ordres aux soldats de fouiller le vaisseau ennemi. C'est alors que retentit l'alarme qui prévenait une intrusion dans le vaisseau. En effet, en défonçant le robot, Jean-Claude avait automatiquement déclenché l'alerte. Aussitôt, les soldats sortirent de leurs compartiments, armes en main, prêts à faire face à l'intrus qu'ils se mirent à rechercher activement.
Déambulant dans les couloirs, Jean-Claude ne se souciait pas de l'alarme. Il ne l'avait d’ailleurs quasiment pas entendue. Située juste sous un haut-parleur lors de son déclenchement, elle lui avait détruit les tympans sur le coup. Cependant il y a des signes qui ne trompent pas. Ou presque pas. La décoration rouge vive qui était apparu sur les murs au même moment, l'avait temporairement inquiété. Mais bon, comment être sûr que cette manifestation lumineuse le concernait. Cette alerte pouvait très bien concerner le champ de météore qui se trouvait à proximité des vaisseaux. Cela paraissait beaucoup plus sensé que de lancer une chasse à l'homme pour la perte d'un pauvre droïde de pacotille. Tout de même. Il se dirigea d'un pas tranquille jusqu'au bout du couloir. C'est alors que surgirent deux soldats.
- On ne bouge plus ! Quel est votre numéro d'identification ?
Il se rendit alors compte du silence. Il ne pouvait pas savoir que l'homme en face de lui lui parlait, mais il trouvait étrange ce calme soudain. Surpris, il réagit au dernier moment lorsque les deux hommes se jetèrent sur lui, ce qui lui permit d'en envoyer un contre le mur, tandis que l'autre le projetait au sol et se plaquait ensuite sur lui. Le premier se releva alors, se rapprocha et aide son collègue à l'immobiliser. Tout cela dans un drôle de silence, dont Jean-Claude ne comprenait pas l'origine. Il respirait normalement, donc il n'y avait pas de trou dans la coque du vaisseau qui l'aurait vidé de son air et rempli du vide silencieux de l'espace. Sans avoir pu trop se défendre, ce qui le faisait se sentir extrêmement honteux, il fut menotté, dépouillé de tout son attirail et envoyé dans une cellule... Où se trouvait déjà trois personnes.
- C'est quoi tout ce raffut ?, demanda Anushka pendant que l'épaisse porte de la cellule se refermait.
- Zut, même pas le temps d'en assommer un pour sortir, maugréa Antonio. Eh mais... Jean-Claude, tu nous as retrouvé !
Ce dernier les observait sans répondre. Il avait vraiment, vraiment mal au crâne. Et il n'entendait absolument rien de ce que les autres disaient.
- Bordel, on peut me dire pourquoi j'entends rien ?
Ce furent ces derniers mots avant qu'il ne tombe dans les pommes, sous un retentissant "Mais c'est pas possible, pourquoi est-ce que je traîne avec des boulets pareil ?", de la pilote, qui avait vite oublié que savoir le mercenaire avec eux la rassurait un peu.
Sept. C'était le septième repas qu'on leur servait. ça devait donc être le troisième jour qu'ils étaient là. Trois jours qu'ils étaient dans cette maudite cellule. Ils s'étaient résignés, le meilleur moyen était sans aucun doute de parler. L'adolescent avait pas mal réfléchi à ce qu'il allait dire. Il n'avait pas grand-chose d'autre à faire en même temps... Et au moins son temps n'était pas perdu. La porte s'ouvrit en grand. Trois des quatre prisonniers levèrent la tête alors que le droïde narguait tout le monde par son impassibilité. Une dizaine de soldats attendaient sur le seuil. C'était la rouquine qui avait ouvert la porte. Elle était d'une humeur massacrante. Non seulement une de ses cibles lui avait échappé mais en plus celle-ci avait réussi à rentrer dans le vaisseau des troupes impériales, avait détruit du matériel, et s'était fait maîtriser et enfermer par deux soldats tandis qu'elle le cherchait dans l'autre vaisseau.
- Debout ! Vous êtes convoqués par M. Duponet.
Anushka et Antonio se levèrent avec réticence. Jean-Claude ne voulut pas obtempérer, comme à son habitude, mais deux soldats s'approchèrent et le prirent chacun par un bras pour le mettre debout. Un troisième emportait le robot inanimé. Tous sortirent dans le couloir, étroitement encadrés, d'autant plus que le couloir lui-même était déjà étroit. Ils se rendirent dans une salle de grande taille, carrelé de blanc, qui servait de salle de réunion comme le montrait la grande table qui y était installé. Une porte à moitié ouverte à l'opposé de la pièce menait au poste de pilotage.
Les détenus furent enfoncés de force dans les sièges alors que le robot fut laissé à l'abandon aux pieds d'Antonio, comme un vulgaire accessoire. Une fois les gardes ressortis de la salle et Éléonor face à ses prisonniers, de l'autre côté de la table, Sarox Duponet fit son entrée dans un silence de plomb. Dans ce même silence, il réussit le tour de force de tirer une chaise et de s'y asseoir sans même la faire grincer sur le sol. Plaçant ses mains bien à plat sur la table, voûtant les épaules il essayait d'imposer une certaine autorité de par sa posture et son regard froid qui scrutait ses interlocuteurs, essayant de distiller en eux la peur. Cependant le mètre vingt du nouvel arrivant réduit à néant sa tentative. Comble de l'offense, Jean-Claude s'autorisa même un sourire discret, que l'homme fit semblant de ne pas avoir remarqué. Il avait l'habitude. Puis les gens apprenaient à le connaître, et ils ne s'autorisaient plus à sourire. Il jeta un coup d'oeil autour de la table.
- Où le quatrième ?
- Sous la table. Il est déchargé.
- Éléonor, je vous prie de trouver de quoi remettre ce robot sur pieds, sans qu'il puisse être agressif.
- Bien M. Duponet.
Elle emporta Rambo sous les regards assassins du mécanicien et du mercenaire. La pilote ne savait vers où diriger ses intentions de meurtre, alors elle préférait afficher une expression froide et sérieuse et fixer ce qu'elle croyait être M. Duponet mais qui n'était qu'un siège vide.
- Très bien. Maintenant, j'espère que nous allons nous entendre. Vous expliquerez tout ce que je vais vous dire à votre robot lorsqu'il sera en état. Passons donc aux choses sérieuses.
- Peuh, proféra Anushka.
L'homme moustachu lança un regard qui se voulut menaçant - il ne savait pas que la pilote ne voyait rien, et n'en avait donc absolument rien à carrer de ses expressions menaçantes - et reprit après s'être raclé la gorge :
- Bien. Je vais donc vous expliquer tout ce que vous devez savoir. Vous êtes accusé d'avoir livré à l'empereur un déchet humain, un bébé atteint de trisomie et ayant été diagnostiqué presque aveugle. Celui-ci ne peut être un enfant royal vu sa condition. Il sera donc renvoyé à votre service et vous serez jugés et exécutés, comme le veut la loi impériale. Votre procès sera retransmis à grande échelle dans les galaxies environnantes par le réseau intergalactique, aussi vous devrez jouer votre rôle, et ce le plus parfaitement possible... Si les choses se passent mal, vous pourriez subir quelque chose de bien plus atroce que la mort pour avoir entaché la grandeur de Notre Vénéré Empereur Kolageaine XVI. Alors je vous conseille de vous ranger de notre côté. Vous aurez une mort propre... Et peu douloureuse, car vous connaissez la clémence du régime, dit-il en souriant comme un requin. Le scénario du procès est déjà écrit. Je vous conseille d'apprendre vos textes et de les connaître sur le bout des doigts quand nous arriverons. Aucun écart n'est permis, l'Empereur lui-même les a dicté à son meilleur copiste et il ne le tolérera pas. Rendez-vous compte, tout cela a été écrit à l'encre de Chine, produit qui se fait extrêmement rare ! Faites ce qu'on vous dit, c'est tout ce que l'on vous demande pour que cela se passe bien. Quant au robot, il sera bien entendu réinitialisé, et mis au service de l'Empereur.
Il tendit à chacun les feuilles où était rédigé le texte en question. Antonio les parcourut d'un air dégoûté. Le mercenaire avait juste envie de planter une épée dans le ventre de cet homme, mais il n'avait pas d'épée et il n'aimait pas se battre à mains nues, alors il grognait sans prêter attention aux feuilles, et Anushka tâtonnait sur la table pour trouver les papiers qui ne lui serviraient pas à grand-chose étant donné qu'elle ne pouvait pas lire. L'adolescent fut donc le seul à prendre connaissance de ce qu'on attendait d'eux et ça ne lui plaisait pas. Prenant une grande respiration, tentant de rester calme, il fixa le bras droit du tyran dans les yeux :
- Monsieur Duponet, je ne suis pas d'accord avec toute cette mascarade. Moi et mes collègues ne souhaitons qu'une chose : donner satisfaction à l'Empereur. C'est pour cela que nous souhaitons récupérer un des bébés de notre cargaison pour l'échanger avec celui que nous avons livré par erreur à Notre Grand Souverain. Nous prendrons celui qui correspondra le mieux aux attentes de Sa Majesté, et il sera bien entendu en parfaite santé. En échange, nous donnerons à la famille le bébé... défectueux, mais à conditions que l'Empire se charge des soins nécessaires à sa trisomie et sa cécité. En aucun cas cet acte n'était un affront de notre part. Nous n'avons pas été assez vigilant et aurions dû prêter plus d'attentions au bébé livré à Sa Seigneurie.
Sarox ne répondit pas. Il se contenta d'opiner du chef pour signifier aux soldats qu'ils pouvaient ramener les prisonniers dans leur cellule. La pilote se leva raidement, le mercenaire lança un grognement plus fort que les autres, et le mécanicien pris un air renfrogné mais ne contesta pas. Bornés, ils étaient tous bornés, pire que des mulets. Du grand n'importe quoi.
Ils n'avaient pas passé beaucoup de temps avec M. Duponet. Mais ce peu de temps les avait mis sur les nerfs. Ils savaient tous très bien que les ordres de l'Empereur étaient incontestables, et restaient inchangés tant que celui-ci n'intervenait pas. Et là, il n'avait certainement aucune envie d'intervenir, vu les moyens déployés, il espérait certainement montrer une fois de plus sa puissance en les faisant exécuter. Son droit de vie et de mort sur les citoyens des galaxies soumises à son bon vouloir. Antonio se morfondait, il avait posé les feuilles le plus loin possible de lui et ne souhaitait plus y toucher. Anushka faisait les cent pas, marmonnant en boucle une série d'injures et se prenant parfois un mur, qu'elle se mettait à apostropher comme s'il s'agissait de l'Empereur en personne. Jean-Claude restait dans un coin, le regard vide. Désarmé, il n'était rien. Il se sentait nu. Inutile. Rambo était revenu un peu plus d'une heure après qu'on les ait renvoyé dans la cellule. Retour au mode philosophe. Le mécanicien s'était chargé de décrire la situation au robot qui était revenu à ses habitudes et cherchait une solution plus ou moins tordue, passant bien sûr par de profondes réflexions intérieures sur la vie, la mort, et un millier d'autres choses.
Le lendemain, visiblement dans l'après-midi, un soldat rentra dans la cellule.
- M. Duponet, fidèle conseiller de Notre Vénéré Empereur Kolageaine XVI, souhaiterait savoir si vous avez commencé à apprendre vos textes comme il vous l'a été demandé. Je suis donc chargé de voir où vous en êtes.
- Ah, parce qu'en plus on compte nous faire répéter ? Vous croyez vraiment qu'on va l'apprendre votre texte, abruti ?, vociféra la pilote avec haine.
- Vous savez ce que vous risquez si vous ne l'apprenez pas.
- Ouais ouais, c'est ça.
- Voyons donc, pourquoi, mais pourquoi tant de haine ? La haine ne devrait pas avoir de place dans la vie de qui que ce soit. Nous sommes tous des êtres sensibles, et méritons de vivre dignement. Nous devons nous respecter, et respecter la vie, sous toutes ses formes, même lorsqu'elles nous paraissent insignifiantes. Plutôt que de nous battre sans cesse, plutôt que de commettre d'atroces massacres, plutôt que de nous tourner le dos car nous n'avons pas la même vision des choses, pourquoi ne pas nous prendre tous par la main pour avancer ensemble vers un avenir de paix, de joie et d'amour ? Oui, vraiment, je pense...
- Arrête avec ton charabia toi, ordonna le mercenaire au drone, exaspéré de ses incessantes leçons de philosophie.
- Moi ou un de mes collègues reviendrons demain voir où vous en êtes. J'espère pour vous que vous aurez avancé. Cela sera rapporté à M. Duponet.
Et sans un mot de plus, il s'en alla et referma la lourde porte derrière lui.
- J'en ai vraiment, vraiment marre. Notre vaisseau doit toujours être arrimé au leur, non ?, demanda le mécanicien.
- Possible, ou alors ils ont dépêché des soldats pour le piloter au cas où on réussirait à sortir.
- Donc le mieux serait de prendre le contrôle du vaisseau. Et la seule arme qu'on a, c'est Rambo... Si on arrive à trouver un moyen de le remettre en mode combat. - Je n'ai plus de mode combat, très cher, et c'est bien mieux ainsi. En effet, le combat mène à la guerre, la guerre fait des morts, et cela nous empêche d'aller vers un avenir meilleur. Les robots de mode combat...
- Si tu la fermes pas tout de suite, je peux te dire que j'ai beau pas te voir, tu vas crever en même pas dix secondes.
- Bon... On a même plus de robot de combat. Je suis nul au combat à mains nues, Jean-Claude c'est pareil, on tiendrait pas face à des soldats armés. Anushka de toute manière tu vois rien... On est perdus, soupira-t-il en se laissant tomber au sol.
- Hors de question, je ne terminerai pas ma vie avant d'être couvert de gloire et d'honneur !
- Ouais, c'est ça Jean-Claude. La gloire et l'honneur de la guillotine de notre Empereur adoré. La discussion se termina ainsi. Rambo n'osait même plus philosopher à voix haute. L'ambiance était bien assez tendue comme ça.
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| | | Shia Modérateur
Nombre de messages : 3074 Age : 26 Localisation : Ile du Destin ~ Destiny Island Date d'inscription : 21/02/2011
| Sujet: Re: A quatre mains 2/26/2014, 22:57 | |
| Et voici la suite ! Bon courage à ceux qui voudront lire xD - Spoiler:
Ils sentirent bien l'atterrissage. Ce n'était pas vraiment agréable, surtout pas dans une cellule. Une escorte vint les chercher peu de temps après. Elle était dirigée par Éléonor, comme d'habitude. Elle aimait bien diriger les opérations directement sur le terrain. C'était une femme d'action. Une femme d'action doublée d'une fine stratège, mélange efficace qui avait fait ses preuves et l'avait fait monter très vite dans les rangs de l'armée impériale. Il était déjà assez rare qu'on y trouve des femmes, mais encore plus rare d'y trouver des femmes qui dirigent. Elle était d'ailleurs la seule à avoir un rang si élevé. Et elle adorait ça. Son échec face à la capture des quatre prisonniers, car elle considérait cela comme un échec, la taraudait encore, mais elle en avait tiré une leçon. À force de réussites successives et faciles, elle avait relâché sa vigilance et en avait oublié son nombre de cibles. Elle considérait cela de manière très grave. Plus jamais elle ne devait refaire pareille erreur. C'est donc plus vigilante que jamais qu'elle entamait la mission du jour : escorter les prisonniers jusqu'aux prisons du palais, et ce au milieu d'une foule qu'avait réunie l'Empereur. Le scénario commençait en fait là. Les événements des prochains jours en rapport avec l'affaire n'étaient qu'une succession de mises en scène destinées à montrer la puissance de Kolageaine XVI et son pouvoir sur ses citoyens. Rien, ni personne ne devait s'opposer au capricieux souverain des quatorze galaxies alentours. Rien. Ni. Personne.
Malheureusement pour les citoyens de l'Empire, ce dernier était un peu parano. Il dénichait sans cesse de soi-disant nouveaux complots qui visaient à renverser le régime en place. Il arrivait que l'un d'eux soit vrai, mais dans quatre-vingt-dix-sept pour cent des cas, ce n'était que pure invention. Mais on s'en fichait. Coûte que coûte, la "menace" devait être éliminée. On montrait ainsi l'exemple à ceux qui voudraient s'opposer à la puissance de Kolageaine XVI. Mais c'était apparemment loin d'empêcher un nouveau complot d'être démasqué trois semaines plus tard au mieux, quand l'Empereur avait eu autre chose à faire que dénicher des complots visant à le renverser.
Avant d'être emmené dans leurs cellules, les prisonniers allaient une première fois faire face à l'Empereur. La rampe de sortie du vaisseau était couverte d'un tapis rouge, tapis rouge qui continuait sur presque un kilomètre, large de cinquante mètres, jusqu'au siège du Souverain, placé devant le Palais pour l'occasion. De chaque côté du tapis rouge, une foule s'amassait derrière de solides barrières, faisant gare à ne pas trop se bousculer, sachant que quiconque bougeait trop serait immédiatement abattu par l'un des soldats postés tous les vingt mètres. Tout ce foutoir avait dû coûter une fortune, mais personne ne comptait les dépenses de l'Empire, qui était dans le rouge depuis bien longtemps. Dans le siège donc, se trouvait celui qui régnait sur les quatorze galaxies les plus proches. Il avait quarante-sept ans, et un âge mental qui devait avoisiner les cinq, quand il avait un éclair de génie. Physiquement, il était maigre comme un clou bien qu'il mangeât comme quatre. Son regard était en général assez vide, ce qui lui donnait un air crétin qui reflétait parfaitement la réalité. Sa mâchoire carrée accentuait ce trait, d'autant qu'elle paraissait ne pas être capable de tenir correctement car sa bouche était toujours à moitié ouverte. Ses cheveux mi-longs grisonnaient, ses yeux d'un marron quelconque étaient vitreux et démontraient une santé fragile. Il n'avait en aucun cas l'allure de ce qu'il était. Mais il en avait le tempérament, et ce à son paroxysme. Têtu, capricieux, égoïste, dépensier, il ne supportait pas d'être contredit, on se mettait en quatre pour exécuter le plus rapidement la moindre de ses demandes, car il était également très impatient, même s'il pouvait faire preuve d'une patience hors norme lorsqu'un plan l'exigeait, surtout s'il lui fallait être sadique. Oh oui, il adorait être sadique. Et la pièce qu'il avait écrite pour l’événement était di-vi-ne. Un vrai régal. Ce procès était une grande occasion, aussi il était tout excité et une pâle lueur de vie pulsait dans ses prunelles vitreuses.
La foule hurlait la grandeur de l'Empereur, comme le voulait sa stupidité. Une foule est toujours stupide. Prenez les gens les plus intelligents d'une nation, réunissez-les en un même endroit, et il n'en ressortira que leurs défauts, aussi intelligents soient-ils. C'est certainement pour cela que les hommes de pouvoir aiment la foule, surtout les dictateurs et les tyrans. Cela leur permet de se sentir un tant soit peu intelligents, quand bien même ils n'ont pas une once de cervelle ou d'esprit. C'est en pensant cela et un millier d'autres choses que Rambo avançait aux côtés de ses trois collègues. Ils ne faisaient pas attention à ce qui les entouraient. ça ne les intéressait pas vraiment.. La seule chose qui les intéressait, c'était Kolageaine XVI. Ils avaient appris leur texte pour la forme. Mais ils ne comptaient pas le réciter. Ils s'étaient doutés que s'ils ne l'apprenaient pas, ils seraient directement jetés en cellule et certainement torturés. Peut-être les aurait-on forcé à apprendre tout ça sur place. Sans doute. Le Souverain avait l'air d'avoir pris tellement de plaisir à rédiger son "oeuvre". Il n'aurait pas accepté que tout soit gâché. Il ne l'accepterait pas. Il allait être furieux. Ils avaient tout juste eu le temps de préparer leur plan et d'apprendre le texte assez bien pour que ce soit convaincant auprès des soldats et de M. Duponet, qui leur avait fait faire une "répétition générale", comme il s'était plu à l'appeler et où il avait joué l'Empereur, chose qui les avait ennuyé profondément, mais ils avaient décidé de jouer le jeu, de faire croire qu'ils avaient finalement accepté leur sort. Mais ils étaient bien loin de la résignation. Au diable l'Empereur et ses enfantillages !
Ils mirent presque une heure à faire le kilomètre qui les séparaient du trône, à cause du pas cérémonial que les soldats avaient pris pour la forme. Dans leur cursus, chacun d'eux avait suivi une formation consistant à leur expliquer comment ils devaient se comporter lors de représentations publiques. Les folies de l'Empereur actuel avaient également marqués ces manifestations. Lui-même ayant toujours détesté le sport et n'ayant aucun talent dans cette discipline, la marche des soldats s'organisaient de la façon suivante : au lieu d'avoir, comme on en avait souvent l'habitude sur Terre autrefois, les jambes tendues, ils devaient garder les jambes le plus plié possible, que ce soit en les montant ou les descendant. Cela leur donnait un air ridicule. Et les soldats ne trouvaient pas ça vraiment agréable, car au bout d'un moment, c'était éprouvant pour les mollets. De plus, ils marchaient ridiculement lentement. Mais les ordres étaient les ordres et personne n'osait les contester. Aussi ridicules et contraignants soient-ils. Mieux valait ça que mourir, car une autre fâcheuse habitude de Kolageaine XVI était d'exécuter ceux qui ne faisaient pas ce qu'il décidait. Comme peu osaient le défier, il le faisait parfois simplement pour la forme, car il aimait les exécutions. Il trouvait qu'elles mettaient un peu de piquant dans son quotidien. Le budget impérial pour l'exécution chaque année impériale s'élevait d'ailleurs à cinquante milliards d'écus impériaux, et était la deuxième plus grande dépense derrière les services secrets chargés de débusqués les complots, pour lequel on dépensait trois cent milliards d'écus par an. Ces sommes colossales avaient des conséquences considérables. En quinze ans, les impôts avaient quadruplés, et les conditions de vie des habitants étaient déplorables pour la plupart. Seuls s'en sortaient les très riches, d'autant plus s'ils étaient proches du Souverain. Le siège sur lequel il avait aujourd'hui posé son derrière avait été spécialement réalisé pour l'occasion et l'équipage le vit de loin. En effet, il ne mesurait pas moins de trois mètres de haut et était tout en cristal noir des mines de la planète Z-232, où il était le plus pur. C'était également le plus rare, et donc le plus cher. Il fallait bien cela pour contenter un tyran digne de ce nom. Ce trône, donc, ne pesait pas moins d'une tonne, et il paraissait aussi bien absorber que renvoyer la lumière. Le bas du dossier, l'assise et les accoudoirs étaient couverts d'un velours rouge confortablement rembourré. Ce qui permettait de mettre en valeur ledit monarque. Son costume de feuille d'or et de revers de platine en faisait un phare au centre de la scène. Phare qui en faisait une excellente cible mais qui empêchait tout autant quiconque de garder le regard fixé sur sa personne. Alors que la foule et les militaires souffraient de l'allure d'escargot de l'escorte, le Suzerain savourait la progression. Dans sa tête, l'inspiration foisonnait. De nouvelles idées de torture se bousculaient pour qu'il les retienne et les applique. Des idées qui auraient même fait rougir l'inquisition espagnole. De la musique ! Voilà ce qui émergea au final du cerveau de ce roi. Irrité il hurla à son chef des armées que l'on exécute son chef musicien pour ne pas s'être proposé pour accompagner la marche des prisonniers. Heureusement le peuple ne vit ni n'entendit rien de cela. Le champ de force qui protégeait l'Empereur prohibait le passage à toute onde quelle qu'elle soit et un hologramme reproduisait le comportement de l'Empereur sans ses crises de nerfs, bien entendu. Pour le simple peuple, il était un souverain calme et posé, mais très exigeant. Un main de fer, dans un gant de velours. Ah, tous ces crétins qui l'adulaient...
Au bout de ce qui semblait être une heure de marche, même si le terme marche ne pourrait convenir à l'escorte des prisonniers dans cette réalité ou même dans une quelconque autre dimension, l'équipage captif arriva au pied de la scène où trônait leur Seigneur. Les soldats qui se trouvaient devant eux s'écartèrent sur les côtés pour les laisser s'approcher, à une distance tout de même respectable. Éléonor était agenouillée devant Kolageaine XVI. Les caméras se mirent en marche. La retransmission dans les galaxies impériales allait commencer. Un petit "bzz" signala que la retransmission était en cours. L'Empereur prit la parole, commençant par la tirade qu'il avait écrite et longuement répétée. Il essayait de se tenir le plus droit possible sur son trône, malgré son mal de dos :
- Ainsi, vous voilà ! Vous avez, à ce que j'ai ouï dire, enfin compris l'affront que vous m'avez fait. Votre complot est démasqué. J'entendrai vos regrets, vos repentirs tout ce que vous voudrez et qui montrera à quel point votre erreur est effroyable. Cela est bien dommage ! Vous étiez décrit par votre entreprise comme de bons employés. Jusqu'à cette mission... Me livrer un enfant. C'est alors que votre vrai visage est apparu. Vous vouliez me salir. Salir ma réputation, la ruiner, la réduire en cendre, en miettes, me ridiculiser, m'humilier, me narguer, me rabaisser aux yeux de mes bons sujets ! Leur respect envers moi... Je l'aurai vu s'envoler. Tous ces efforts ! Savez-vous combien, imaginez-vous, pouvez-vous seulement vous représenter ô combien il en coûte d'être respecté par tant de gens ? Non. C'est bien la première fois de votre vie que vous êtes devant, et non pas dans la foule. La première. Ce devrait être un grand honneur pour vous. Qui sait, ça aurait pu l'être ! Mais les motivations qui vous amènent ici, ne vous font ressentir rien d'autre que de la honte. Je le vois dans vos yeux. Et vous avez raison. Vous rendez-vous compte ? Vous m'avez livrer non pas un enfant... Mais un véritable déchet humain. Un petit bébé, trisomique. Et aveugle. Croyez-vous, vraiment, qu'un Souverain tel que moi peut avoir pour enfant... ça ? Il est indigne de devenir mon héritier. Vous le saviez. C'est pour cela que la justice équitable que j'applique vous condamne à mourir incessamment sous peu. Je n'ai rien contre vous. Votre travail et vous même me paraissiez être d'une nécessité vitale pour la continuité de l'Empire. Mais il faut bien que cet acte infâme soit puni. Il en va de notre sûreté. Si les lois n'étaient pas appliquées…
L'Empereur laissa sa phrase en suspens et savourait son discours qui l'obligeait, lui, le bon Suzerain de ce royaume, à adopter un comportement si horrible. Il jubilait de la facilité avec laquelle il se jouait de son peuple. De cette masse grouillante de pauvres êtres qui l'acclamaient dans leur misère alors qu'il ne rêvait que de les découper, les étriper, les éparpiller façon puzzle dans tous les coins et recoins de l'univers. Oh, ça viendrait sans doute lorsqu'il ne serait qu'un vieillard sur son lit de mort, dans un dernier tourment de la sénilité qui l'aura atteint. Mais pour le moment, il fallait bien qu'il y ait des foules pour l'acclamer.
À quelque distance de cet événement, dans la chaleur étouffante d'une sombre chambre de bonne insalubre, des hommes vêtus d'obscurs habits dont l'état laissait à désirer peaufinaient les derniers détails de leur plan.
- Pff, j'en ai marre de vivre dans cette porcherie, râla le plus grand d'entre eux en grattant sa barbe de trois semaines.
- Je sais, moi aussi. Mais que veux-tu ? C'est écrit ainsi dans le manuel du parfait révolutionnaire. Toute révolution se prépare dans l'ombre, sous la pression étouffante de l'oppression du pouvoir en place… Et bon, souvent ombre rime avec misère...
- Mais concernant les ordures. Il n'est pas précisé que nous ne pouvons pas nettoyer notre local. - Je t'ai déjà expliqué je ne sais combien de fois que pour la Révolution, nous devons lui consacrer toute notre dévotion. Nous ne devons pas nous laisser distraire par de vulgaires futilités telle que le rangement. Nous pourrons nous y consacrer une fois notre Juste Cause assouvie.
- Gnagnagna, singea le premier en retournant s'occuper de l'arme qu'ils avaient placée dans la matinée, prenant soin d'éviter le sac rempli de déchets qui se trouvait sur son passage.
Un silence de plomb s'installa entre les deux hommes, rompu uniquement par le ronronnement électrique du fusil. S'écartant alors de l'engin et reposant le manuel d'utilisation, le premier homme déclara :
- C'est bon. Il est chargé. Il n'y a plus qu'à ajuster la visée et on pourra enfin être débarrassé de ce dictateur.
Tandis que le second homme s'installait devant la fenêtre avec un ordinateur et donnait ses indications, le premier fit passer l'extrémité de l'arme par un orifice percé exprès dans la fenêtre.
- Ne vise pas l'hologramme. Le vrai est placé un mètre derrière d'après nos sources… Laisse la tête intacte si possible, qu'on ait une preuve de la disparition de ce despote. Puis vérifiant sur son écran : c'est bon, ils arrivent bientôt devant la scène, l'écran de protection va disparaître… et l'Empereur aussi. laissa-t-il échapper dans un rictus qui aurait pu passer pour machiavélique si l'on n'avait pas vu à quel point l'Empereur était horrible.
Le rythme de tortue des prisonniers laissa planer un silence angoissant dans la pièce. Combiné à la chaleur de la pièce, les deux hommes suaient à grosses gouttes. Une odeur nauséabonde de transpiration, déjà présente depuis quelques jours, satura l'atmosphère. Mme Hilbert, la voisine d'en face, dont le téléviseur venait de rendre l'âme sortit précipitamment pour rejoindre son amie du 37e étage et ainsi suivre la retransmission. Accusant l'odeur qui suintait par la porte elle se fit un devoir d'aller en avertir le concierge, noble profession qui n'a jamais disparu à travers l'espace et le temps malgré toutes les tentatives de bon nombre de copropriétaires. Mais la retransmission n'attendait pas. Et puis une exécution publique, ça se faisait tellement rare ! Elle n'allait tout de même pas louper ça. Ces derniers temps, il n'y avait plus que des attentats et des coups d'état déjoués qui donnaient lieu à des séances de torture privées et des procès à huis clos pour ne pas laisser échapper d'informations sensibles. Mais quels ploucs au gouvernement. Laisser échapper des informations sensibles. La vieille femme riait intérieurement alors qu'elle entait dans l'ascenseur. Quand il suffisait d'aller au marché dans la ville basse pour apprendre le nom et l'âge du chef de la garde personnel de l'Empereur, il n'était pas étonnant de voir se multiplier les attentats contre ce dernier. Fussent-ils pour la plupart inventés. Car honnêtement, qui voudrait s'en prendre à cet idiot prétentieux ? Qui serait assez fou pour prendre à bras le corps tous les maux des galaxies et se retrouver à les résoudre en supportant le peuple ? De tels fous, ça ne courait pas les rues. Enfin, elle arriva devant la porte de son amie. Tapant rapidement sur la porte elle commençait à être excitée. Pourvu que leur rythme d'escargot les eût empêchés d'arriver devant l'Empereur. La porte n'était toujours pas ouverte, elle redoubla ses coups. Du bruit provenait enfin de l'intérieur de l'appartement. La porte s'ouvrit enfin sur Mme Tilon alors que son amie commençait à trépigner sur le palier. Lui expliquant rapidement son problème de téléviseur, elle fut invitée à entrer et elles s'encastrèrent dans la chaleur du vieux canapé qui tenait tête à l'écran. La procession touchait enfin à sa fin. L'Empereur se leva pour faire son discours. Ce dernier fini, il marqua une pause. Une pause dramatique, mais un peu longue au goût de Mme Hilbert. C'est bon, le Souverain fit un pas en avant et relevant bien haut la tête il s'apprêtait à annoncer la sentence. Tendue les deux vielles femmes se penchèrent un peu plus en avant pour être sûres de ne pas rater une miette de ce spectacle. Des milliards de regards étaient fixés sur les lèvres de l'autorité la plus puissante. Celles-ci s'ouvrirent et le téléviseur de Mme Tilon s'éteignit ainsi que tout ce qui fonctionnait à l'électricité au sein de l'immeuble.
Le doigt de Javier, l'homme qui manipulait le fusil en face de l'appartement de Mme Hilbert, venait d'écraser la queue de détente contre la crosse de l'arme. Vidant ainsi le bâtiment de toute son énergie, un rayon jaunâtre sortit du canon pour aller se fracasser contre le mur transparent qui abritait l'Empereur quelques kilomètres plus loin. La déflagration inaudible ne surprit personne. Par contre, la barrière protectrice devint opaque en voulant absorber la totalité de l'énergie qui s'écrasait sur elle ce qui pris tout le monde à dépourvu dans un premier temps. Rapidement elle fut poussée dans ses limites et ne pouvant en ingérer davantage, elle repoussa toute l'énergie sur une partie du public. Ce fut l'instant qui déclencha l'émeute. Leurs supérieurs, captifs de leur cube de protection plongé dans des ténèbres ; les gardes ne surent comment réagir, hésitant entre modérer rapidement la foule qui se précipitait sur eux pour la première fois depuis des générations et surveiller les prisonniers pour les empêcher de s'évader. Ni une ni deux, Antonio et Jean-Claude prirent leurs jambes à leur cou et se précipitèrent vers le vaisseau qui les avait amenés jusqu'ici. Profitant de la cohue, ils disparurent instantanément aux yeux des militaires. Cependant quelques secondes plus tard, ils prirent conscience de l'absence de leurs deux coéquipiers.
- Mais qu'est-ce qui foutent bordel !, enragea le mercenaire. C'est pas le moment de rêvasser.
- Rambo est repassé en mode grosse tête. Il ne va pas penser à fuir, il va juste tenter de raisonner les soldats qui vont sans doute l'emmener dans un cachot... Et sans guide, Anushka n'est pas prête de nous retrouver, elle va essayer de se battre mais elle ne tiendra pas longtemps, dit le mécanicien raté.
- Que la peste de Valaïnox les étouffe eux et leur inutilité !
- Il faut aller les chercher. décréta le fuyard en s'arrêtant net avant de se retrouver le nez sur le tapis rouge, fauché par la foule en fuite.
Il ne put se relever qu'avec difficultés et avec l'aide de son compagnon auquel il cria dans l'oreille pour se faire entendre :
- Il nous faut un pilote pour pouvoir s'enfuir. Et elle seule a les capacités de conduire n'importe quel vaisseau.
À contrecœur, Jean-Claude fit demi-tour et se mit à fendre la foule à coup d'épaule du mieux qu'il pouvait. Antonio se glissa dans son sillage pour éviter de se retrouver de nouveau à terre. Il aurait aimé que le mercenaire soit plus grand pour pouvoir dominer la foule et que les gens s'écartent naturellement sur son passage. Or dans ses conditions, leur progression était lente. La foule finirait par avoir fui les lieux avant qu'eux même n'aient eu le temps d'atteindre le vaisseau. Ils allaient être de nouveau arrêtés sans avoir pu quitter la planète. À ces pensées, Antonio ne voyait pas pourquoi continuer à lutter. Par ailleurs, la foule devant s’éclaircissait. Ils allaient bientôt se retrouver seuls sur le grand tapis rouge et les gardes les appréhenderaient dans l'instant.
Malheureusement, le mécanicien n'avait pas tout à fait raison. Effectivement les gardes se rapprochaient et ils avaient déjà en leur possession Anushka et le droïde. Mais si la cohue se dissipait, ce n'était que pour mieux fuir le petit groupe militaire qui instinctivement avait mis le cap sur le vaisseau et donc faisait marche sur les deux fuyards. À leur tête, Éléonor, tête nue, marchait d'un pas décidé, le regard braqué sur Antonio qu'elle venait d'apercevoir malgré la quelque centaine de mètres les séparant et toutes les silhouettes la lui cachant par intermittence. Celui-ci se sentait fondre sous les yeux fixés sur lui et dans lesquels semblait couver un feu intense qui participeraient certainement à leur châtiment. La peur l'empêchait de parler. Ce ne fut que lorsque la demi-douzaine de gardes fut proche d'eux qu'il avertit le mercenaire :
- Heu … tu vas être … content… on… on a … on-les-a-retrouver-ils-sont-juste-devant-nous-avec-tout-plein-de-gardes-autour, lâcha t-il sans pouvoir détourner le regard de l'enfer qui luisait en Éléonor.
Et oui. Pour Antonio, cinq constituait un bien grand nombre. Surtout quand il quantifiait une menace militaire. À l'autre bout du regard, Éléonor avait été outré de n'avoir que ces quelques soldats pour l'aider à retrouver les prisonniers.
Après que le rayon ait atteint la protection de l'Empereur, elle s'était précipitée sur les prisonniers, mais le temps d'arriver, deux d'entre eux s'étaient déjà envolés. Et aucun garde n'était plus là pour les surveiller efficacement. Soi-disant que la foule, en s'enfuyant, n'avait tenu aucun compte des avertissements et des coups de feu de ces derniers. Et il leur avait été tout aussi impossible de se rassembler pour opposer une quelconque force à cette marée humaine. Enfin, la capitaine avait réussi à trouver quelques militaires ne fuyant pas et luttant pour conserver leur place et retenir la foule. Elle avait besoin d'eux pour surveiller les prisonniers. Jamais plus elle ne les quitterait. Ils allaient l'accompagner jusqu'à ce qu'elle retrouver les deux fuyards. C'était une question d'honneur. Et si jamais ils opposaient la moindre résistance, elle se ferait un plaisir de les massacrer elle-même. Or voilà qu'ils venaient d'eux-même vers elle. Elle avait aperçu la tête du plus jeune de l'équipage, et ne la quittait plus des yeux, et ce qui semblait être le dessus du crâne de leur mercenaire. Bien. Ils avaient dû se rendre compte de l'impossibilité de s'échapper et revenaient à elle pour ne pas finir abattus par ses ordres. Presque de bons prisonniers. Elle en vint même à regretter partiellement que cette chasse soit déjà finie. Elle aurait bien aimé se défouler de toutes les humiliations qu'ils lui avaient fait subir. Mais ce n'était que parti remise. Elle comptait bien tirer profit de la séance de torture. Elle n'aimait pas la torture. Souffrir pour faire souffrir. Quelle horreur. Cela était tellement plus intéressant dans le cadre d'une chasse. Mais une fois la cible capturée, il fallait la tuer rapidement. Deux pas plus loin, elle se trouvait face au jeune homme, seul, qui tremblait comme une feuille. Seul ! Elle était certaine d'avoir remarqué plusieurs fois le haut du crâne du dernier prisonnier. Par ailleurs les regards inquiets d'Antonio vers une petite silhouette invisible devant lui, lui confirmait bien que le mercenaire avait été là.
En effet, juste après avoir été mis au courant de la dangerosité de leur situation, Jean-Claude avait rapidement réagi. Il s'était éloigné du mécano qui faisait une cible trop voyante. Au travers de la foule, il put estimer la situation. Avec un rapide aperçu du nombre de gardes et de leur position, il contourna le groupe. Poussant deux fuyards sur l'un des militaires, il profita de la surprise, et du bouclier qu'offrait l'un des civils qui se fit ouvrir le ventre d'un coup de pisto-laser, pour agresser le tireur. Il le plaqua et à terre puis l'emmena vers la cohue où, à l’abri des regards de ses compagnons, il put le désarmer et le tuer. Armé d'un pisto-laser, et d'un nouveau fusil d'assaut dernière génération il passa de nouveau à l'action. Des armes en main, il se sentait ragaillardi, à nouveau lui-même, le seul et unique Jean-Claude. Avec la multitude de fuyards qui bousculait l'escorte d'Éléonor, personne n'avait noté la disparition du garde.
Profitant de sa petite taille, il s'approcha d'un des gardes et sans prévenir, l'élimina d'une pression sur son pisto-laser. Sans que quiconque n'ait pu réagir, deux autres militaires se retrouvèrent à terre, un trou dans le ventre. Le dernier eut le temps d'ajuster son tir sur Jean-Claude, mais ne put jamais faire feu. Cela était en partie dû au mercenaire qui fit disparaître sa main d'un tir. Mais aussi au second coup de feu qui, s'abattant sur sa poitrine, lui ôta la vie. Éléonor s'était rapidement retourné au son des détonations, mais à peine eue-t-elle dégainé que Jean-Claude pointait son fusil sur elle. Elle savait sa fin proche. Elle rejoindrait bientôt ses collègues au sol. Mais elle ne pouvait laisser les prisonniers s'échapper aussi facilement. Elle ne voulait pas mourir. Encore moins de la main de cet équipage. Mais son devoir l'obligeait à tout faire pour les arrêter. Pour rien au monde elle ne manquerait à son devoir envers l'Empire. Elle y avait toujours été dévouée, corps et âme. Elle mit alors Jean-Claude en joue et, s'étonnant de ne pas avoir encore été tuée, vit une possibilité de s'en sortir en vie devant l'humanité du mercenaire. C'est alors que Antonio la percuta dans le dos et, sous la tension, elle lâcha son arme. Persuadé que les coups de feu s'étaient soldés par la capture de Jean-Claude, il avait perdu tout espoir. Et voilà que Éléonor lui avait tourné le dos. Sûrement pour sortir une réplique cinglante au mercenaire sur la toute-puissance de l'Empire. À quoi bon tenter de s'échapper si tous ses compagnons étaient entre les mains de leurs ennemis. Autant les rejoindre pour, à défaut de s'échapper tous ensemble, mourir réuni. Dans cet état de déprime, il ne vit pas qu'il avait déjà rejoint les gardes et rencontra le dos de la capitaine rousse. S'apercevant de son geste, il se confondit en excuse :
- Pardon. Mille excuses, je ne voulais pas vous perturber. Je me rends. Ne me torturez pas plus que nécessaire…
- Mais ferme là !, l’interrompit Jean-Claude qui était maintenant maître de la situation. Rambo, lie-lui les poignets. Elle va nous servir d'otage pour qu'on s'échappe.
Le groupe, de nouveau réuni, se précipita autant qu'il le pouvait en direction du vaisseau qui les avait amenés malgré la cohue environnante. Bien que gênante, la foule facilita leur progression. En moins de vingt minutes, ils se tinrent devant la passerelle du vaisseau. Les gardes faisaient feu sur tous les civils qui s'approchaient de trop près de l'appareil. Cependant, lorsqu'ils aperçurent la chevelure de leur supérieure, ils créèrent un chemin pour lui faciliter l'accès. Sous la menace de l'exécution de la capitaine, aucun soldat n'osa faire obstruction aux prisonniers qui entrèrent facilement dans l'avion, persuadés qu'ils ne pourraient s'envoler ; les pilotes étant à l'extérieur. C'était sans compter sur les capacités d'Anushka qui, une fois au poste de pilotage, fit chauffer le moteur en un instant. De son côté, Jean-Claude enferma leur otage dans leur ancienne cellule avant de se lancer à la chasse aux membres d'équipages égarés ou réfugiés dans le navire avec l'aide du droïde. Dix minutes après être entrés dans le vaisseau, il quitta la plateforme d'envol pour atteindre l'orbite de la planète. Aux commandes d'une des dernières frégates sortis des usines de l'Empire, ils se glissèrent aisément entre les croiseurs qui, en état d'alerte suite à l'attentat, tentèrent vainement de les abattre.
Une heure après l'attentat raté sur la personne de l'Empereur, l'Empire lança une flotte complète à la poursuite de l'équipage d'Anushka, tenu pour seul et unique responsable de cet acte infâme. À plusieurs systèmes solaires de distance, la pilote mettait le plus de distance possible entre eux et l'Empire en se dirigeant vers les régions rebelles de la galaxie locale, ignorant les mouvements actuels de l'Empire et les plans qu'il préparait pour eux.
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| | | Haedrich Administrateur
Nombre de messages : 1985 Age : 39 Localisation : Mâcon (71) Date d'inscription : 11/08/2009
| Sujet: Re: A quatre mains 3/16/2014, 16:00 | |
| Gosh, c'est hyper long. Promis, je lirai ça le week-end prochain. | |
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