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 Ursa Major

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MessageSujet: Ursa Major   Ursa Major I_icon_minitime4/19/2012, 10:58

Bonjour!
(je crois que je me goure pas, je mets le lien pour les commentaires --> ici)

Voici un texte vieux d'une petite année et demi, si je ne me trompe. Remanié deux ou trois fois. J'ai eu envie de l'écrire après avoir écouté la chanson Ursa Major du groupe Polarkreis 18.
Je ne savais pas trop où le poster parce qu'il est un peu bizarre. j'ai hésité à le mettre dans "poésie" mais d'après ce que j'ai vu, il n'y a pas de prose dans cette section. J'espère qu' il est à sa place ici.

Ursa Major

Leurs yeux s'attardaient sur le dessin onirique. C'était une vallée endormie. L'ombre et la lumière semblaient se disputer silencieusement et se nouaient, s'étalaient de façon anarchique, sans pouvoir parvenir à un accord. Les étoiles d'acier restaient immobiles derrière les sommets acérés qui déchiraient la brume. Une onde de jour demeurait dans le ciel nocture, blanche et encore souple. Son éclat révélait les courbes de l'herbe brûlée par le soleil.
La nuit froide descendait. Son combat à mort livré contre la chaleur avait pris fin depuis peu lorsqu'ils arrivèrent. L'empreinte douloureuse du feu restait là et s'accrochait à leurs cheveux, balayés par une bribe de vent. Un parfum outrageusement suave et sucré se charriait dans les soufles d'air. Le parfum des nuits tapies ici, au bout du monde.

M. dégagea de son visage quelques mèches de cheveux rebelles et laissa ce parfum inonder sa peau, s'insérer sous ses paupières, emportant avec elle l'image gravée de cet endroit oublié de tous. A ses côtés, la tenant par un bras, S. gardait les yeux rivés sur le ciel. La clarté de la lune rehaussait le gris de ses prunelles et enfermait ses traits dans un masque de porcelaine. M. passa lentement une main dans ses cheveux noirs et courts, poussés au gré des caprices de l'air. Il ne dit rien.

Alors qu'ils s'engageaient dans la descente, leurs pas esquissaient de petits bruits étouffés contre la terre réduite en poussière et parsemée d'ombres. En bas de la colline, ils couraient, entraînés par une liberté irréductible. Les sifflements et murmures leur frôlaient les oreilles et les enveloppèrent d'une écharpe de frais picotant. Leur souffle de cristal s'échappait, dans une tentative sans espoir d'atteindre le spectre des nuages opaques, là haut.

Le noir dessiné d'éclats à l'horizon leur donnait la force et l'assurance qu'il n'y aurait pas d'aube. La Grande Ourse s'accompagnait de reflets filandreux et cousus d'argent, pour tromper sa solitude ancestrale. Ce fut en la suivant qu'ils dénichèrent enfin la masse lourde du rail, enfoui dans la terre de sable; les reflets s'arrêtaient sur sa surface souillée. La lumière lui était refusée. Il gisait dans les ombres.

Ils allaient le suivre.

La terre mourait au profit du ciel. Le chemin, bordé de silence, les menait toujours droit devant. Le sol n'était lui-même plus certain, pourtant leurs pas n'hésitèrent pas et suivirent aveuglément. Le sentiment d'un calme et d'une confiance innés apaisait toutes leurs craintes diurnes, les noyait dans les vapeurs incertaines de leur conscience fatiguée, et ce fut bientôt comme si elles n'avaient jamais existé. Ils n'étaient plus que deux dans l'infinie bonté de la nuit. La Grande Ourse se faisait leur alliée et s'imprimait sous la trace de leurs pieds.

M. marchait devant et entraînait S. par la main. Ils savaient qu'ils n'avaient pas besoin de se presser, et ne voulurent pas tenter d'accélérer la cadence, dans ce creux sans échos où ils ne voulaient installer aucun bruit.

Assassin barbare qui ne laissait pas de traces.

Un souffle vint les arrêter. Ils clignèrent lentement des yeux, comme engourdis. La clarté les habillait de luxe mais une troisième présence, comme abandonnée, se fondait dans le noir. Ils ne purent la voir. Ils la sentaient simplement, qui parvenait faiblement jusqu'à eux. C'était un homme, et ce n'était pas un intrus. Il se fit plus insistant mais aucune silhouette ne se détacha de l'ombre. Alors M. s'avança de quelques pas.
Il y avait un vieux wagon de marchandises. Ils étaient arrivés. Ils allaient partir, loin, pour toujours.

Un lac de miroirs en contrebas leur écrivait un message d'argent, rond, accueillant et inaccessible.

L'ombre du troisième homme s'étira très brièvement et sa visière vint masquer un moment l'éclat de la Grande Ourse, peint sur la terre sèche.

Consentant à sa demande silencieuse, une multitude de mots se pressant au seuil de leurs lèvres, M. et S. montèrent dans le wagon et se blottirent l'un contre l'autre. Une terrible fraîcheur régnait à l'intérieur et se resserrait autour d'eux.

Les volutes d'un souvenir estompé firent mourir peu à peu les questions derrière leurs lèvres. Ils n'avaient pas besoin de questions.

Le lent mouvement du wagon les berçait. Le lac de métal dérivait sous leur regard paisible et tranquille. Les ombres effilées des arbres entrecoupaient la surface lisse du miroir et hachaient leur progression, lente mais certaine, vers un lieu qu'eux-mêmes ignoraient. Un filet de fumée s'éleva au loin et attira leur attention. Mais à cet instant ils avaient déjà tout oublié.

M. se pencha. La bouche de S. était froide comme la glace.



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